"Fanny, de l'ombre à la lumière - Tome 1 : une femme en errance" de Maude Perrier

Genre : Roman, Drame

Résumé :
Cela n'arrive qu'aux autres. Voilà ce que pensait Fanny avant que Maître Delalande ne toque à sa porte et ne la mette dehors. Après son petit-ami et son travail, elle perd maintenant son appartement. Fanny devient ce que l'on appelle une Sans Domicile Fixe, une S.D.F. 
Confrontée à l'horreur de la rue, la jeune femme va devoir faire preuve d'une volonté et d'un courage hors du commun pour tenir le choc. Au cours de cette épreuve, elle rencontrera le meilleur et le pire de la nature humaine.
Dans cette première partie de Fanny, de l'ombre à la lumière, vous êtes plongé.e dans l'ombre. Vous allez tomber avec Fanny, lutter, pleurer et vous débattre avec elle, parce que malheureusement, cela n'arrive pas toujours qu'aux autres.

Extrait :
"Cela fait une semaine que je me débats, j'ai l'impression que des mois se sont écoulés.
La vérité est que je ne tiendrai pas des mois. Je ne suis ni Mireille ni Sandra ni toutes ces autres. Je ne suis pas taillée pour affronter cette vie d'errance. Pour cela il faudrait que j'accepte, je n'y parviens pas. Je refuse encore de me voir pleinement comme une sans domicile fixe ‒ une SDF. Mon présent, mon futur, ne peut se résumer en trois lettres !"

Mon avis :
Paris. Fanny, 26 ans, est dépressive depuis deux ans. Son ami, Joël, l'a quittée pour sa meilleure amie; dans la foulée, son employeur a fait faillite, la laissant sans emploi. Elle s'est noyée dans le chagrin et, progressivement, s'est déconnectée du quotidien. Elle a négligé sa vie, son logement, dont ses factures et son loyer. L'ultime coup dur se produit donc un beau matin, alors qu'elle ne s'y attendait pas vraiment. Un huissier la déloge en quelques heures. Pas de discussion possible, elle est expulsée. La voilà dehors avec deux ou trois sacs préparés à la hâte. Que faire maintenant ? Où aller ? Comment se sortir de cette situation ?

Alors qu'elle tente de faire le vide, Fanny va vivre ses premiers instants compliqués : la dure loi de la rue; insoupçonnable lorsque l'on n'y prête pas attention. Elle rencontrera heureusement son ange gardien, Mireille, qui lui donnera quelques conseils et la guidera vers des endroits sécurisés, notamment la halte qui accueille les femmes la journée. C'est là qu'elle aura plus d'informations et d'aides pour survivre : elle prendra rendez-vous avec une assistante sociale, elle découvrira les bains-douches, et autres astuces pour garder un semblant de dignité. Gentille mais sauvage, Mireille donnera ses premières leçons de rue à Fanny. Celle-ci est désemparée, mais pas résignée. Elle dit elle-même qu'elle va vite s'en sortir. Fanny est touchante de naïveté. Elle semble dans le déni et n'est pas prête à admettre la réalité, et pourtant : elle est bel et bien une sans domicile fixe. 

Le temps passe, les démarches n'avancent pas vraiment, et le parc locatif est saturé. Fanny commence à s'organiser une routine dans la rue : elle a ses rituels, ses habitudes, mais garde l'espoir de s'en sortir. Son quotidien est dur, elle est épuisée, souvent paniquée, et parfois perdue. Elle fera la connaissance de Sandra, une jeune femme de 19 ans qui est dans la rue depuis deux ans. Mise à la porte par ses parents à cause de son homosexualité, ce bout de femme a un fort caractère. Débrouillarde, elle sait dénicher les bons plans pour rendre sa condition plus douce. Fanny et Sandra vont se lier d'amitié et s'entre-aider. En outre, elles peuvent compter sur le gérant d'un bar, Momo, qui leur offre le café tous les matins; mais aussi les personnes des maraudes qui distribuent à boire et à manger tous les soirs. Ces petits riens représentent énormément pour les gens de la rue; même si pour certains, comme Fanny, c'est dur à admettre. Il faudra qu'elle touche vraiment le fond pour accepter ce genre d'attention. Honteuse, elle n'aime pas faire pitié, ni mendier. Elle veut à tout prix garder sa fierté. Elle va aussi apprendre à se méfier des mains tendues, qui parfois, n'en sont pas vraiment. Les galères ne sont donc pas finies, elles vont vite s'en rendre compte. Fanny tiendra-t-elle bon ? Ou finira-t-elle par baisser les bras ? Quelles épreuves attendent encore les jeunes femmes ?

Ce roman raconte la vie dans la rue, comme si on y était. Les personnages et les situations sont décrits avec beaucoup de réalisme. Dans une atmosphère sombre et dramatique, on suit Fanny, qui nous raconte ses mésaventures. La descente aux enfers, l'espoir qui s'étiole au fil des jours, le sentiment de ne plus contrôler sa vie, nous vivons tout cela avec beaucoup d'émotions et l'on s'attache vite à Fanny, tout en s'inquiétant de son sort. Ce qui m'a le plus marquée, c'est cette impression d'invisibilité que ressent Fanny en étant de l'autre côté : tous ces SDF qu'on ne voit pas, qu'on laisse de côté; ils semblent être un décor banal pour les habitants qui vaquent à leurs occupations. J'ai également bien aimé le personnage de Sandra, qui a été rejetée par ses parents à cause de son orientation sexuelle, comme beaucoup de jeunes encore de nos jours. Elle semble rebelle mais elle a bon fond.
Au travers d'un récit pragmatique raconté à la première personne, l'auteure a su nous plonger dans l'enfer de la rue. L'histoire est réfléchie et la lecture rendue agréable par une plume fluide. A la fin de ce premier tome, on a déjà envie de poursuivre la lecture avec le second pour connaitre le dénouement final.

Ma note : 4,5/5

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Service Presse