"Etat d'ivresse" de Denis Michelis

Genre : Roman, Drame

Résumé :
La mère d'un adolescent, en état d'ivresse du matin au soir, se trouve en permanence en errance et dans un décalage absolu avec la réalité qui l'entoure. Epouse d'un homme absent, incapable d'admettre sa déchéance et plus encore de se confronter au monde réel, elle s'enferme dans sa bulle qui pourtant menace de lui éclater au nez. Etat d'ivresse brosse le portrait d'une femme brisée qui, en s'abîmant dans l'alcool, se fait violence à elle-même.

Extrait
"Il ne me reste plus qu'à prendre mon élan, qu'à courir pour sortir de cette maison et ne plus jamais y revenir. Mais quelque chose m'en empêche, et cette chose se trouve là, à mes pieds : mon verre tulipe."

Mon avis
Une femme, dont nous ne connaissons pas l'identité, détaille quelques jours de sa vie. Pigiste pour un magazine de psychologie, elle travaille depuis chez elle. Mais son quotidien est devenu compliqué depuis quelques années, à cause de l'alcool qu'elle consomme en excès. Elle erre dans sa maison, boit, essaye de se souvenir de ce qu'elle doit faire ou de ce qu'elle a fait. Son fils Tristan, 17 ans, ne se sent plus à sa place. Partagé entre l'amour pour sa mère et la haine qu'il ressent envers l'alcoolique qui a pris possession de la femme, il est de moins en moins chez eux, même s'il tente toujours de la faire réagir. 

Dès les premières lignes, on est plongé dans un état de confusion à l'image de l'héroïne. La femme effectue un monologue et se perd dans l'espace spacio-temporel. Elle se parle à elle-même. Elle semble complètement dépassée et perdue, mais elle est dans un déni profond. Elle ne comprend pas où est le problème, pourquoi sa voisine Célia n'est plus son amie, pourquoi elle n'a plus de voiture, où est son mari, quel papier elle doit rendre à François ?... De trous noirs en accès de colère, en passant par des états végétatifs, on assiste impuissant à cette déchéance. La femme fait pitié, elle est malheureuse, elle (se)  ment, elle est souvent hors de la réalité. La situation met mal à l'aise, tout comme elle nous rend triste ou nous agace.

Dans une ambiance glauque, on écoute cette femme à travers son récit décousu. Son esprit est brouillé, elle nous emporte dans ses pensées : on a vraiment l'impression d'être dans son corps. Contrairement à elle, on discerne le mal-être de Tristan, de Célia et de son mari. Ils souffrent tous de la maladie, pas seulement elle. On ne connait pas l'origine de son mal, mais les conséquences sont terribles. Elle a détruit sa santé, sa famille, sa relation mère/fils et se coupe peu à peu du monde. Son entourage a honte d'elle, elle renvoie une image pitoyable. Malgré tout, ils essayent d'être à ses côtés pour qu'elle se sorte de cette spirale qui la met de plus en plus en danger. 

L'auteur décrit très bien les émotions et l'état de misère, voire de folie, dans laquelle la femme s'est enfermée. Elle semble être très atteinte par la maladie : violences, amnésies, dialogue à elle-même comme si c'était une autre personne... Cela fait froid dans le dos. Le récit est très réaliste. On se sent happé par le roman : à certains moments, on a envie de secouer cette femme, à d'autres on la déteste pour ce qu'elle fait. Le livre est très bien écrit. Poignant, il est agréable à lire.

Ma note : 4/5

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