"J'écris ton nom" de Sylvestre Sbille

Genre : Roman, Drame, Historique

Résumé :
Youra est un jeune médecin bruxellois, idéaliste, interdit d'exercer car juif. Avec sa bande d'amis, il continue de défier le couvre-feu, d'écouter de la musique prohibée, de refaire le monde. Ce soir d'avril 1943, Youra va même passer à l'action. Avec deux copains d'enfance, il a décidé de tenter ce que les partisans jugent insensé : arrêter le train qui part pour les camps.
Séducteur, polyglotte, intellectuel jusqu'à l’obsession, Youra sait que la "nuit du train" fera de lui quelqu'un d'autre. Plongé dans les eaux troubles de la Résistance et confronté à celles de la collaboration, il interroge les motivations conscientes et inconscientes qui poussent à risquer sa vie, et à regarder l'ennemi dans le blanc des yeux.

Extrait :
"Tu seras gazée, tu seras brûlée. Les mots restent en tête, comme reste en bouche le goût du vomi. Régine lisse les plis de son tablier. Elle rajuste sa coiffe pour la centième, la millième fois. Son uniforme lui donne du courage. De la prestance. Elle se tient droite, elle ne faiblit pas. Tu seras gazée, tu seras brûlée. Le docteur Basch lui a dit les mots à l'oreille comme un secret. Comme un talisman qui pourrait la sauver.
Régine porte autour du cou, sur un carton accroché par une ficelle, le numéro 263. Elle sera donc dans le sixième wagon, sur la trentaine du convoi. L'unité étant : le Juif. Le sixième wagon de la file : c'est une information comme une autre, à se garder dans un coin de la tête. Juste à côté des mots du docteur Basch. Gazée. Brûlée. Régine ne peut y croire tout à fait. Ce sont des images surgies d'un conte pour faire peur aux enfants. Bien le genre des Boches. Se mettre en scène. Faire croire au pire. Se réjouir de la peur où on fait mijoter les faibles. 
Si c'est pour finir par nous gazer et par nous brûler, pourquoi est-ce que ça prend si longtemps ? Toute une journée pour monter dans un fichu train ?"

Mon avis :
Durant la nuit du 19 avril 1943, Youra et ses proches s'en prennent à un convoi de train ralliant la Belgique à un camp de concentration. Des Juifs sont entassés à l'intérieur, depuis des heures, avec une simple gamelle d'eau. Pas mieux traités que des animaux, ils attendent, anxieux, de connaître leur destination finale. Des rumeurs parlent du pire, d'autres de travail forcé. Parmi eux, Régine, Hilda, et encore bien d'autres : des femmes, des enfants, des bébés, des hommes... Comment se déroulera le sabotage ? Qui survivra ?

Basée sur des faits réels, cette sombre histoire retrace le parcours de quelques personnes héroïques : Youra, son frère, Régine,... Des personnes qui ont eu le courage de prendre des risques et qui ont mis leurs vies en périls pour sauver des centaines de Juifs condamnés à mourir dans d'atroces conditions. La Seconde Guerre Mondiale atteint des sommets d'abomination dans les camps. C'est grâce à la détermination et au sacrifice de personnes telles que Youra que le mal a été vaincu.

Dans ce livre, nous nous plaçons du point de vue de résistants, de juifs, mais aussi de Kurt, un Allemand malveillant et cruel. Les phrases sont courtes, incisives, glaçantes. L'ambiance sinistre nous transmet divers sentiments : la mélancolie, la haine, la peur, la force, la tristesse... Au cours de cette nuit, et après, nous suivons le destin des protagonistes. On se sent proche d'eux, tout semble réaliste. La plupart d'entre eux sont touchants et attachants ; pour certains (résistants notamment), leur façon d'agir est admirable : courageux, ils préféraient l'intérêt collectif aux intérêts individuels. 
Nous percevons aussi ce qu'était la vie avant : le passé, les rêves, les projets, le quotidien et les pensées de chacun. Parfois, ces moments m'ont paru un peu long. J'ai préféré être dans l'action du moment présent. 

Instructif, ce roman raconte une partie de l'Histoire que je ne connaissais pas. Poignant et glauque, le récit nous emporte totalement dans les événements et nous bouleverse. Cet écrit est pourtant nécessaire, comme tout ce qui contribue au devoir de mémoire. L'auteur conclut son livre avec un épilogue qui nous rappelle, encore une fois, que tout ceci était bien réel.

Ma note : 3/5

Intéressé.e par ce livre ? Vous pouvez le trouver ici → https://amzn.to/2IWGVMz

Service Presse
 Masse Critique Babelio
Belfond