"Mamie Paulette" de Séverine Baaziz

Genre : Roman, Humoristique

Résumé :
Jules, quinze ans, a toutes les raisons de déprimer. Sa mère n'a d'yeux que pour les roses, les chats et la chasse à la poussière ; son père est tremblotant de tics ; ses camarades de classe adeptes du langage des poings. Et pour couronner le tout, sa grand-mère, aussi aimable qu'une lame de guillotine, emménage sous son toit…
Sauf que la petite dame aux pas ankylosés d'arthrose va donner du sens à sa vie.

Extrait :
"L'adolescent se lève sans un mot, les yeux voilés par quelques mèches de cheveux, et s'exécute aussi traînant qu'une palourde à marée basse.
Paulette prend la parole, résolument curieuse :
- Autant que je le sache tout de suite, Jules souffre d'autisme, c'est ça ?
- Non ! répondent les parents, simultanément offusqués.
- Retardé mental ?
- Maman, voyons ! Pas du tout.
- Alors, juste abruti, se permet encore Paulette formulant à voix haute sa pensée.
- Non, reprend Marion plus modérément. Il est vrai qu'il connaît d'importantes difficultés scolaires mais nous travaillons ensemble pour y remédier… 
Les dernières syllabes sonnent comme un petit air de désespérance."

Mon avis :
À la mort son Pierrot, Paulette est reçue chez le notaire avec son fils et sa famille. Les dernières volontés du défunt est de les savoir réunis sous le même toit, afin de les rapprocher après des années sans se voir. À contrecœur, Philibert, Marion et Paulette acceptent. La cohabitation s'annonce difficile, mais rapidement, grâce à son œil extérieur, Paulette décèle des malaises dans la famille. Au delà des manies du couple, Philibert et Marion, Jules, le fils de quinze semble préoccupé. La vieille dame, au caractère bien trempé, est déterminée à mettre son grain de sel pour le pire… et le meilleur !

Mamie Paulette a quelques similitudes avec la célèbre Tatie Danielle en un peu moins féroce… (quoique)… Elle sait ce qu'elle veut, et surtout, ce qu'elle ne veut pas. C'est uniquement parce que son Pierrot le lui a demandé qu'elle accepte ce changement de vie. Solitaire, elle était heureuse dans sa maison en compagnie de Pipo, son poisson rouge. Alors, se retrouver dans une maison à la décoration démodée et trop parfumée, habitée par deux chats et supporter trois personnes aux habitudes pénibles, c'est un peu comme faire Koh Lanta pour Paulette. À coup de répliques piquantes et amusantes, elle va mettre le bazar dans un quotidien bien huilé.

Jules, adolescent en colère contre la Terre, n'apprécie pas le débarquement de cette vielle bique qu'il n'a quasiment jamais connu. Côtoyer ses imbéciles de parents est déjà difficile, mais se faire bousculer par Mamie Paulette, c'est le comble. Cependant, le jeune homme va vite voir en elle une alliée qui changera le cours de sa vie. On verra Jules évoluer tout au long du roman.
Philibert et Marion sont plongés dans leur passion : les assurances pour l'un, les concours de chats pour l'autre. Peu attentifs, ils ne remarquent pas le mal-être de leur fils… 

Les protagonistes essayeront de trouver un équilibre afin de vivre sereinement. Mais au fil des mois, puis des années, plusieurs événements viendront les bousculer et apporter un peu de mordant dans leur routine. On apprécie de suivre leurs péripéties : des farces mais avec un fond de tendresse énorme. De la bienveillance viendra chasser les rancunes, tout comme la compassion remplacera la colère et le bonheur comblera le vide dans leurs cœurs. 

Touchante, la famille Chédart nous entraine sous son toit et on s'attache rapidement à eux : on se moque, on rit, tout comme Mamie Paulette. On assiste ainsi à des rebondissements, plus ou moins graves. J'ai particulièrement apprécié que le récit soit raconté par un narrateur extérieur, comme dans les films Le fabuleux destin d'Amélie Poulain ou Vilaine. Cela m'a davantage plongée dans l'histoire : je trouve qu'on visualise bien les situations. Léger et dynamique, le roman est plaisant : il fait passer un bon moment. Il m'a fait penser à L'habit ne fait pas le moineau de Zoé Brisby : l'histoire est très différente, mais le côté comédie, parfois burlesque, est similaire (le ton, l'humour, la douceur…). Captivante, la plume de Séverine Baaziz est agréable à lire.

Ma note : 5/5

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