"Opalescence : Le secret de Pripyat" d'Amaury Dreher

Genre : Roman, Suspense

Résumé :
C'est l'hiver en Ukraine.
Un ancien réfugié de Tchernobyl décide de retourner dans la zone d'exclusion afin d'y confronter ses souvenirs et de contempler son passé enfoui. Une quête identitaire tortueuse s'annonce, faite de rencontres et de péripéties exaltantes. Mais la Zone est bien plus qu'un territoire abandonné : c'est une expérience inédite, une aventure interdite dont on ne ressort pas indemne.
Et si les vestiges radioactifs de Tchernobyl n'étaient qu'un piège ?

Extrait :
"À cette époque d'avril 1986, j'attendais avec impatience l'ouverture de la foire qui était imminente. Les auto-tamponneuses avaient été installées et exhibées fièrement à la vue de tous. Des balançoires étaient disposées dans les parcs et la plupart étaient déjà prêtes à l'utilisation. La célèbre grande roue, quant à elle, avait effectué quelques tests de rotation et se dressait triomphalement dans le ciel de Pripyat, ses petites nacelles jaunes suspendues attirant le regard des curieux. Tout était fin prêt pour l'inauguration dans quelques jours. Les gamins que nous étions se réjouissaient, impatients de s'octroyer cette légèreté tout insouciante. Ils rêvaient de couronner leur enfance par des escapades aériennes, des plaisirs contemplatifs dans le ciel de Pripyat. 

26 avril 1986

L'inauguration de la foire n'eut jamais lieu. Officiellement, la grande roue de Pripyat n'avait jamais fonctionné. Aucun enfant n'avait embarqué à son bord.
Mon premier souvenir lié à la catastrophe remontait à un cours de mathématiques. En ce jour ordinaire, j'étais allé à l'école comme d'habitude, à contrecœur, l'esprit bougon. La journée était pure et sans nuages."

Mon avis :
En 1986, à Pripyat, un garçon de huit ans raconte les jours précédents la catastrophe de Tchernobyl. La vie y semble paisible, il y a tout ce qu'il faut pour passer de bons moments. Le 27 avril, il doit fuir avec ses parents. Le garçon devient un homme, et en 2018, il souhaite revoir la ville de son enfance. Il fait la connaissance d'Oleksandr qui le fera entrer illégalement dans La Zone. L'homme va y rester un certain temps... À moins qu'il n'en soit jamais vraiment parti... 

Le roman débute avec un prologue en 1986 où l'on découvre l'histoire de Pripyat ainsi que le quotidien des habitants. Tout bascule au lendemain du 26 avril 1986 : la ville est évacuée suite à l'explosion d'un réacteur de la centrale nucléaire. Cette catastrophe est un événement historique majeur. Le petit garçon a dû fuir la ville avec ses parents. Sa mère est contrainte d'avorter pour éviter d'avoir un bébé atteint de maladie ou malformation ; son père lui, a été touché par les radiations et tombe malade. Le livre se divise ensuite en deux parties. Dans la première, nous retrouvons l'homme (nous ne connaissons pas son identité). Il a quarante ans, il n'est jamais retourné à Pripyat. Marqué par son passé, il souhaite désormais faire face à ses souvenirs. Il s'introduit avec Oleksandr dans La Zone qui regroupe Pripyat, la centrale nucléaire, la base de Duga (une ancienne base militaire secrète à l'abandon)... Le lieu est très vaste. Nous suivons l'homme qui (re)découvre sa ville. Dans la seconde partie, la narration ne change pas, mais l'ambiance n'est plus la même. L'homme que nous avons suivi semble perturbé depuis qu'il vit sur La Zone. Ces quelques jours l'ont transformés, à moins qu'il nous ait leurré ? Nous avançons dans le brouillard et avons du mal à discerner le réel de la folie, tout comme le personnage visiblement.

Durant la deuxième partie du roman, j'ai été à la fois très intriguée mais aussi perdue, déstabilisée. Nous sommes immergés dans l'esprit du personnage principal qui parait avoir quelques soucis de santé. Alors qu'il était plutôt sain de corps et d'esprit au départ, il semblerait qu'il n'ait finalement plus de repères. Nous vagabondons dans les méandres de l'homme sans saisir vraiment la réalité.
Ce livre, au-delà de l'intrigue, apporte beaucoup d'informations sur Pripyat, la catastrophe, et la vie actuelle dans La Zone. J'ai trouvé cela très instructif, documenté et passionnant. Grâce aux descriptions soignées, j'avais vraiment l'impression d'être sur place. J'ai également appris des choses, comme le fait qu'il y ait des Stalkers qui sont prêts à se battre pour rester là-bas ; à l'inverse, des touristes viennent maintenant visiter Pripyat et ses alentours... Il y a donc un monde à part, très contrasté.

Très prenant, le récit m'a totalement emportée en Ukraine. J'ai beaucoup aimé l'ambiance sombre et étrange. La ville fascine et effraye. Les gens que l'on rencontre avec l'homme nous touche parfois, comme les Babushkas, le Hurleur ; nous avons du mal à nous faire une opinion sur les autres. L'atmosphère est d'abord nostalgique et mélancolique puis elle devient plutôt inquiétante et angoissante. Agréable, la plume d'Amaury Dreher est facile à lire bien que l'histoire soit tortueuse sur la fin. J'ai trouvé ce roman intéressant et captivant.

Ma note : 4/5

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