Résumé :
Karim parvient à décrocher un rendez-vous galant avec Marie-Louise, la femme la plus convoitée de l'entreprise. Jean, manager dans une banque, rentre dans le métro Bruxellois et bouscule un adolescent qui prie en silence. Les passagers se retournent lorsqu'ils entendent « Allahou Akbar », suivi d'une explosion. Jean s'évanouit. Lorsqu'il se réveille, une femme au visage d'ange lui caresse le front. Elle est musulmane. Malgré leurs préjugés et leurs différents chemins de vie, la même envie se manifeste : découvrir l'autre.
Extrait :
"Après le son assourdissant, un silence complet. On aurait cru qu'une personne avait appuyé sur le bouton « stop » d'une télécommande.
Jean ne voyait plus rien. Il essayait de remuer ses bras et ses jambes sans succès. Une odeur de chair brûlée, de sang et de métal l'agressa et lui picota le nez. L'air rentra difficilement dans ses poumons. Le stress augmenta.
Après trois minutes dans l'obscurité totale, il commença à apercevoir un point gris. Ses pieds ne touchèrent pas le sol. Une porte pliée du métro reposait sur son dos. Pourtant, avec l'adrénaline, il ne ressentait aucune douleur. Impossible de retirer ses membres des débris. Petit à petit, le sens du toucher réapparu. Il cria, mais n'entendit pas sa propre voix. Son instinct de survie se fixa sur une lumière au loin."
Mon avis :
Belgique, 2016. Jean est victime des attentats dans le métro. Banquier à la vie monotone, il tombe sous le charme de la belle Sarah, une soignante à l'hôpital. Remis de ses blessures quelques mois plus tard, il parle de sa rencontre avec Baptiste, un ami. Celui-ci connait Sarah par le biais de son ami d'enfance, Karim. Originaire du Maroc, l'homme connait des déconvenues dans sa vie. Il se sent blessé et méprisé. Un jour, la vie de toutes ces personnages va être bouleversée par un événement dramatique, qui va aussi les lier de manière inattendue...
Dans ce roman raconté à la troisième personne, nous découvrons le quotidien des personnages principaux : Jean, Baptiste, Karim, puis Sarah.
Jean est un homme fatigué par son quotidien étriqué, sa femme qu'il n'aime plus et qui l'exaspère. Il n'est pas courageux et ne prend jamais de risques. Lorsqu'il se réveille au lendemain des attentats, sa vision du monde change peu à peu. Sa rencontre avec Sarah va aussi l'ouvrir aux autres cultures et le sortir de ses préjugés. De son côté, Karim sent qu'il n'occupe pas le poste qu'il mérite, qu'on le stigmatise à cause de ses origines. Même lors d'un rendez-vous avec une collègue, il sent que sa culture la choque. Sa rancœur macère dans son esprit, il voit tout en noir. Cela le conduit à envisager une option plus radicale. Baptiste est l'homme du milieu : celui qui connait à la fois Karim et Jean, mais ceux-ci ne se connaissent pas. Beau parleur, Baptiste a beaucoup voyagé et découvert de multiples cultures. Il prône la tolérance et le vivre-ensemble. Avec chacun de ses amis, il tempère leurs propos parfois enragés. Sarah est un peu comme lui : emplie de tendresse ; elle se montre bienveillante et compréhensive.
Chaque chapitre dispose d'un compte à rebours avant le mystérieux événement. Nous sommes donc tenus en haleine en attendant de savoir ce qu'il va se passer. L'ambiance est souvent pesante. Les jugements des uns et des autres sont fatigants mais réalistes. C'est ce que l'on peut entendre dans la vie de tous les jours. Même s'il y a parfois des moments un peu longs, on est amené à réfléchir sur ce récit qui apporte une vision croisée de différentes cultures. Une fois le suspense à son comble, on découvre enfin le Jour J à la moitié du livre. Je ne m'attendais pas vraiment à cela ; même si cela reste dramatique, je voyais quelque chose de moins ciblé, de plus grande envergure. Cependant, la tragédie va toucher et fragiliser davantage nos protagonistes... Mais jusqu'à quel point ? Comment accepter le drame ? Est-il possible de (se) pardonner et se reconstruire ? N'est-il pas trop tard pour changer ?
Ce roman est une ode à la tolérance, au respect d'autrui et de ses croyances. L'auteur parle essentiellement de deux religions et, en s'appuyant sur des faits réels, brode l'histoire de Jean, Baptiste, Karim et Sarah. Par leur biais, il rapporte l'état d'esprit de beaucoup d'entre nous : jugement, haine. Toujours à travers eux, il explique la vision des deux mondes et les réactions que cela suscite : les malentendus s'enchainent, la tension s'accumule et l'agressivité s'éveille. Grâce à Baptiste, tel un médiateur, Jean, Sarah et Karim vont évoluer et nous donner une belle leçon de vie. J. Tirari s'appuie sur de solides connaissances et aborde avec brio un sujet délicat.
Ma note : 3,5/5
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Service Presse