"Meurtre aux petits oignons" de Francis Schull

Genre : Roman, Polar, Humoristique

Résumé :
Un homme est découvert noyé dans le Rhin. En voyant sa photo dans le journal, Léopoldine, la postière-enquêtrice du village d'Oberwirheim, le reconnaît : elle l'a vu la veille au soir dans le restaurant où elle dînait. Un suicide, a priori, pour la gendarmerie... mais le bougre avait pourtant l'air d'humeur bien festive pour un désespéré !
Il n'en faut pas plus à cette émule de miss Marple pour mener l'enquête. Surtout que du côté de la gendarmerie, il ne faut pas attendre grand-chose, l'affaire ayant été confiée au brigadier-chef Schmitterlin qui est un peu trop porté sur le schnaps pour être efficace...
La victime était un critique gastronomique redoutable et sans pitié. A-t-il été assassiné à cause d'un mauvais article ? Ou parce qu'il a fait cocus tous ses amis d'enfance ? Parce que dans ce petit coin de campagne alsacienne, on ne plaisante pas avec la trahison, ni avec la gastronomie !

Extrait :
"Pour l'heure, la postière, qui n'avait pas encore fait sa tournée matutinale à l'église et voyait d'approcher l'heure de se rendre à son bureau, s'apprêtait à porter une nouvelle fois l'index à sa bouche... et resta le doigt levé, dans la posture de l'écolier qui demande à faire pipi : là, au milieu de la page, sur deux colonnes, s'étalait un visage sous le titre « Un inconnu retrouvé noyé dans le Rhin, près de Marckolsheim ». Cet homme, elle le connaissait. Non, elle ne savait pas qui c'était. Pourtant, elle l'avait déjà vu très récemment. Mais où ? [...]
Et la mémoire lui revint : ce visage, c'était celui du convive qui dînait tout seul, trois jours plus tôt, à une table voisine de la sienne, à l'Auberge de l'Ill d'Illhaeusern."

Mon avis :
Léopoldine a pris goût à l'activité de détective lors d'une première enquête (Vengeances tardives) et réitère l'expérience lorsqu'un meurtre est commis non loin de chez elle. Le gendarme Schmitterlin, pas très doué dans son travail, est chargé de l'affaire et ne tarde pas à solliciter sa chère Léopoldine qui, elle, a l'œil affuté. En parallèle de son quotidien, elle se lance donc dans des investigations gourmandes et surprenantes.

N'ayant pas lu le tome 1, je découvre Léopoldine dans ce deuxième opus. Cela ne m'a pas dérangée dans ma lecture. J'ai découvert une femme d'une cinquantaine d'année au caractère bien trempé, voire même un peu hautaine. Suite à sa première enquête, elle est devenue la célébrité locale, une référence. Peu modeste, elle s'offusque même lorsqu'on ne la reconnait pas. Ce tempérament qui ne m'a pas séduite, mais son humour piquant l'a rendue un peu plus attachante. Par moment, elle m'a un peu fait penser à Capitaine Marleau, mais son manque d'humilité cassait un peu le personnage. Le gendarme Schmitterlin, lui, est une copie des célèbres Dupont & Dupond ; il s'avère aussi idiot et peu imaginatif. Il passe à côté de tout, se laisse dicter son travail par Léopoldine mais sait récolter les félicitations. Son nouveau collègue, Loiseau, est plus futé et sera certainement un atout pour les futures enquêtes.

Tous ces personnages font le charme de ce polar humoristique : il faut le prendre un peu comme un roman léger et amusant, pas comme un policier sérieux. J'ose espérer, en effet, que la gendarmerie n'a pas des Schmitty à grande échelle ! Intéressante, l'intrigue est assez captivante et laisse un peu à réfléchir. Cependant, j'ai assez vite compris qui était à l'origine du meurtre. Dans une ambiance joviale, j'ai été contente de suivre Léopoldine, d'assister à des situations cocasses et de rigoler de Schmitterlin. Malgré les fausses pistes et semblants de rebondissements, le dénouement était donc attendu pour moi.

Dans l'ensemble, j'ai apprécié ma lecture. J'ai aimé être baigné dans le village Alsacien : on retrouve des expressions typiques ainsi que des plats que dévorent l'héroïne : ça met l'eau à la bouche. L'histoire était plutôt plaisante, même s'il n'y a pas beaucoup de suspense. Ce que j'ai moins aimé, en dehors du caractère parfois trop vaniteux de Léopoldine, c'est ces instants dans le récit, comme des apartés entre l'auteur et le lecteur. J'ai ainsi retrouvé plusieurs fois la phrase "Le lecteur pourra [...] / aura compris [...]" : je préfère rester complètement à l'extérieur d'un roman et ne pas être impliquée. J'ai passé un bon moment en compagnie de Léopoldine. Agréable, la plume de Francis Schull est soignée.

Ma note : 3,5/5

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Service Presse
Eric Poupet & City Éditions