"La maison" de Vanessa Savage

Traduit par Ombeline Marchon
Genre : Roman, Thriller

Résumé :
La maison où Patrick a passé toute sa jeunesse n'est pas une demeure comme les autres. Quinze ans plus tôt, elle a été le théâtre d'un drame inconcevable : toute une famille y a été retrouvée, massacrée. Patrick garde pourtant des souvenirs irremplaçables dans ces lieux, comme seule l'enfance sait en créer. Il décide de la racheter. Sa femme, Sarah, et leurs deux enfants s'y installent à contrecœur. Le délabrement, l'atmosphère sinistre qui colle à la maison oppressent Sarah. Ses psychoses reprennent, de plus en plus sombres. Des voisins épient chacun de ses mouvements. La tension monte.
​Dans ce roman tortueux, imprévisible, Vanessa Savage braque la lumière sur chacun des personnages, tour à tour. Patrick, Sarah – et le lecteur – sauront-ils résister à cette infernale spirale du doute et de l'enfermement ? Et jusqu'où les entraînera-t-elle ?

Extrait :
"- Ma maison. Elle aurait dû le rester. Je n'aurais jamais dû la perdre.
Je serre les bras pour calmer mes tremblements.
- J'ai prévu de la visiter mercredi. Tu m'accompagnes ?
Il y a un tel espoir dans sa voix... Je n'ai aucune envie d'y aller, mais nous ne percevons pas la maison de la même façon, Patrick et moi. Sur cette photo, lui voit la belle demeure victorienne où il a grandi, avec son toit pointu orné de pignons ‒ une vraie maison de conte de fées, avant de devenir la maison de l'horreur. Il revit les souvenirs heureux d'une enfance passée à la mer. Il n'imagine pas le sang sur les murs ou les chuchotements des fantômes. Il ne voit pas la Maison du crime. Moi, si."

Mon avis :
Fraichement installés dans la Maison du crime, la famille Walker prend ses marques. Patrick, qui a vécu là petit, est très à l'aise, tandis que sa femme, Sarah, peine à trouver sa place. Le fait qu'une autre famille ait été tuée dedans ne rassure pas la jeune femme, d'autant plus que le tueur a déjà purgé sa peine, il est désormais libre. Plus les jours passent, plus Sarah sent le malaise grandir ; elle se sent épiée et son mari semble de plus en plus étrange. Est-ce son imagination qui lui joue des tours ? 

Dans ce roman, j'ai rencontré Sarah, Patrick et leurs adolescents Joe et Mia. Depuis quelques mois, la vie de la famille est difficile : Sarah a perdu sa mère brutalement et souffre d'une dépression. Influençables et fragiles, les enfants se rebellent parfois, ou à l'inverse, se taisent et s'isolent. Alors, quand Patrick a l'opportunité de racheter la maison de son enfance, il n'hésite pas : ce sera un nouveau départ. Mais derrière les apparences, j'ai tout de suite ressenti une sensation de malaise. Sarah semble fébrile et Patrick est plus qu'aux petits soins. Pour la soulager, il dirige tout et s'il y a des réticences, il parvient à ses fins avec habilité. J'ai remarqué rapidement que cet homme n'était pas si bienveillant qu'il veut le laisser croire. Docile, Sarah ne remarque pas ce comportement, tout se fait lentement, insidieusement. 

Dans une ambiance tendue, j'ai assisté au déménagement du couple et de leurs enfants. La maison des rêves de Patrick est loin d'être ce qu'il a décrit, mais Sarah veut y croire. Plus le temps passe, plus je me sentais oppressée. Si Sarah me faisait de la peine au début, elle m'a aussi agacée : j'avais envie de la secouer, lui dire d'ouvrir les yeux tant les signaux étaient au rouge avec Patrick. En confiance, l'homme ignore les menaces, les ombres autour de la maison : qui tourne autour d'eux, et pourquoi ? Dans sa cage dorée, Sarah panique, Patrick rassure, fermement. Des habitants sympathisent avec la mère de famille, mais leurs informations la font douter. À qui se fier ? J'ai senti le drame se profiler : telle une cocotte minute qui chauffe doucement pour finalement exploser... Qui restera à la fin ? Le dénouement a répondu à mes attentes : j'ai été ravie de connaitre enfin toutes les révélations, aussi sordides soient-elles.

J'ai beaucoup aimé ce thriller psychologique : sa structure m'a emportée. Le récit suivait principalement la famille Walker dans son quotidien, mais il comportait également, à chaque début de partie, des extraits de journaux sur les meurtres commis dans la maison ; également, disséminées en tête de chapitres, les confessions d'une personne en lien avec cette Maison du crime. Ainsi, j'ai pu m'imprégner des événements passés, chercher à découvrir l'identité du mystérieux narrateur qui semble vouloir se venger de quelqu'un, et surtout, connaitre le devenir de Sarah, Patrick et des enfants. Il n'y a pas de réels rebondissements durant l'histoire mais il y a tout de même un certain rythme. J'ai senti l'angoisse gonfler petit à petit, la tension est palpable, l'atmosphère devient de plus en plus pesante. J'ai aimé cette montée en puissance de la folie, des doutes, de la violence... J'ai réfléchi pour tenter de comprendre mais je n'avais pas toutes les réponses lors du final. J'ai aimé la complexité de l'affaire et être surprise par tous ces éclaircissements. Agréable, la plume de Vanessa Savage est une belle découverte.

Ma note : 4,5/5

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