"1974" d'Arnaud Codeville

Genre : Roman, Thriller, Fantastique

Résumé :
À Sebourg, petit village du Nord de la France, c’est l’effervescence. Les pompiers mettent le feu au 16 de la rue Jean Jaurès.
La plupart des habitants se massent pour admirer le spectacle. Tous redoutent la vieille demeure et tous se réjouissent de la voir disparaître à jamais du paysage et pour cause : elle serait hantée…
Parmi la foule de curieux, un homme assiste à l’incendie. Il est sans doute le seul à être aussi fasciné par l’agonie de la bâtisse…
Pour rien au monde, il n’aurait raté ce moment.

Extrait :
"Derrière les barrières de sécurité, la majorité des spectateurs avait déserté les lieux. Hormis une vieille dame qui, promenant son chien, s’était arrêtée quelques instants pour admirer l’œuvre des pompiers, il n’y avait plus qu’un homme. Il était là depuis le matin et n’aurait pas raté ce moment, même pour tout l’or du monde. Le vent frais de cette soirée de juillet distillait une légère odeur de brûlé et frôlait sa barbe de trois jours. Au-dessous d’un blouson noir, il portait un sweat-shirt à capuche qu’il avait relevée sur sa tête. À chaque bouffée de sa Marlboro, la cendre rouge illuminait un rictus de satisfaction. Ses yeux, d’un bleu intense, ne lâchaient pas un seul instant ce qu’il restait de la demeure. Quand il fut certain que le travail avait été correctement fait, il jeta sa cigarette sur le sol et l’écrasa vivement. Puis il lança un dernier regard sombre en direction de la maison et quitta les lieux sans jamais se retourner."

Mon avis :
1995. Alors qu’il enquête sur un simple cambriolage, Joël Masson, policier à la dérive, va se retrouver propulser dans une drôle d’affaire. Il se sent habité par une mission qui dépasse l’entendement. Il doute de lui mais des événements successifs le poussent à poursuivre sur sa lancée… Il n’est pourtant pas préparé à ce qu’il va vivre et il pourrait d’ailleurs ne pas s’en sortir indemne.

Dans ce roman, raconté à la troisième personne, j’ai donc rencontrée Joël qui, suite à un drame personnel, a presque totalement perdu pied. L’alcool est devenu son réconfort mais aussi son pire ennemi. Son comportement déplorable a évidemment un retentissement sur sa carrière. Il n’a plus que Stéphane, un collègue et ami, sur qui compter. Son chef, rude au premier abord, semble encore croire en Joël et lui confie une affaire simple pour (re)faire ses preuves. C’est à ce moment qu’il fait la connaissance de la famille Dupuis… et que sa vie va basculer. Je me suis attachée à ce personnage, Joël. Il va côtoyer d'autres personnes, découvrir leurs personnalités. Certains étaient touchants, d'autres m'ont fait frissonner ou m'ont inspiré du dégoût ; quelques uns étaient mystérieux, insaisissables.

Prenante, l’intrigue démarre donc avec un banal cambriolage. Joël va vivre un moment très étrange dans la maison et voudra en savoir plus. Une fille disparue, un pensionnat isolé, d’anciens élèves tués : que cache ces terribles événements ? Quels secrets ont été dissimulés ? Dans une ambiance glaçante, j’ai aimé suivre les péripéties de Joël ; de fil en aiguille, il parvient à recueillir des éléments qui l’amènent vers d’autres pistes. Son parcours ne sera pas sans danger, il y perdra même beaucoup et assistera à des choses inimaginables. Atroces, les faits qui se déroulent tiennent en haleine. J'ai fait des suppositions sur les investigations sans toutefois avoir tout saisi avant le final. Complexe, cette sombre affaire est semée d’embûches et il faudra du sang-froid pour arriver jusqu’au bout. Après divers rebondissements, j’ai assisté à un dénouement qui m’a satisfaite.

J’ai totalement été emportée par ce livre qui m’a rappelé la série Dark durant certains passages. J’aime la noirceur de l’atmosphère présente du début à la fin, la réflexion autour d’un simple cold case qui débouche sur quelque chose de plus grande ampleur, l’horreur des crimes et l’effroi des révélations qui se succèdent. J’avais l’impression d’être le personnage principal, je me suis sentie imprégnée et entrainée dans le récit. L’angoisse monte crescendo pour ne jamais nous quitter, le suspense est omniprésent. J’avais la sensation de voir un film d’épouvante. J’ai apprécié que l’action se déroule dans les années 1990 : quitter la modernité durant un temps (pas de portable, pas d’internet…). Cela accentue l’effet film d’horreur de l’époque. Prenante, la plume d’Arnaud Codeville est accrocheuse, les descriptions sont visuelles (à mon grand désespoir parfois 😬) et l’histoire s’avère dynamique. En bref, une très belle découverte !
 
Ma note : 5/5

Intéressé.e par ce livre ? Vous pouvez le trouver ici → https://amzn.to/33KY6Oj