Genre : Roman, Suspense
Résumé :
Hanté par un drame personnel, Paul, professeur de français, décide de quitter la France et de commencer une nouvelle vie avec sa femme et ses deux enfants dans un quartier huppé de Montréal.
Nouveaux voisins, nouvelle école, nouveau départ… Le bonheur, enfin ?
Mais Paul commence à recevoir d'étranges lettres anonymes qui lui ordonnent de s'en prendre à des habitants du quartier, sous peine de représailles.
Serait-ce une mauvaise plaisanterie ? Une sorte de bizutage ?
Bientôt, d'autres lettres arrivent, de plus en plus menaçantes, plongeant Paul dans un engrenage infernal.
Il sait désormais qu'il va devoir percer les terribles secrets de ce quartier toxique, et affronter un passé qui l'obsède, s'il veut éviter que sa famille ne soit complètement détruite…
Extrait :
"- Soyez le bienvenu à Westmount en tout cas. Vous verrez, c’est un quartier calme et agréable. Je suis sûr que vous vous y plairez. Et si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous savez où j’habite !
[…]
La maison qu’il avait achetée, grâce à l’argent de l’héritage de ses parents, était au fond de l’impasse. Depuis ses fenêtres, on pouvait apercevoir le dôme de l’oratoire Saint-Joseph, impressionnante basilique érigée en 1924 à l’initiative du Frère André.
Juste à côté de la maison de Paul – la plus modeste du quartier sans doute, avec ses petites briques repeintes en blanc et son lierre qui grimpait joliment jusqu’au toit –, la demeure majestueuse d’Henry Shrier imposait sa façade de pierres taillées et ses multiples fenêtres. Paul sourit intérieurement. Il serait bien ici. Un nouveau commencement, un nouveau départ."
Mon avis :
Après des moments difficiles en France, Paul et sa famille s’installent au Canada dans un petit quartier charmant et accueillant. Mais le tableau idyllique s’effrite déjà lorsque Paul reçoit des lettres étranges lui demandant de faire des actes illégaux – voire dangereux – à l’encontre de certains voisins. La suspicion s’installe et Paul débute des investigations pour comprendre qui le menace, et pourquoi. Il n’imagine pas encore où il met les pieds…
Dans ce roman, j’ai fait la connaissance de Paul, un homme qui semble avoir le poids du monde sur ses épaules. J’ai compris que sa famille avait vécu un drame qui a notamment plongé sa femme dans une profonde tourmente. En effet, Camille semble amorphe et presque inexistante. Leur installation est donc un peu spéciale mais tout semble bien se dérouler vu les circonstances. En quelques jours, Paul fait la connaissance de presque tous les voisins : Henry, riche père célibataire ; Hélène, la femme au chien ; Georges, le psy, et sa femme Lydia ; Denis, le collègue prof ; Robert, le vieux bourru, et sa fille Tania. Il n’y a que son voisin d’en face qu’il ne connait pas et qui parait très étrange. Malgré sa détermination, je ne me suis pas attachée à Paul, il me faisait de la peine et m’agaçait par moments ; Camille ne m’a pas plus touchée. Parmi les voisins, certains me plaisaient bien mais j’avais toujours un doute sur leur honnêteté.
L’intrigue débute donc avec des lettres anonymes déposées dans la boite aux lettres de Paul : on lui demande de rayer la voiture d’untel, de faire taire le chien de l’autre… Si, au début, il ne coopère pas, il semblerait que le corbeau se montre persuasif en ajoutant des menaces plus concrètes qui inquiètent l’homme. Paul agit alors, tout en enquêtant afin de démasquer le coupable. Il découvre des éléments sur le quartier, petit à petit, et se confie à Robert. Mais a-t-il raison de lui faire confiance ? En parallèle, sa femme se rapproche d’Henry, commence à reprendre goût à la vie, consulte Georges, mais est-ce vraiment une bonne chose ? Au climat de tension s’ajoute des complications personnelles avec les enfants. Des découvertes significatives poussent Paul à poursuivre ses efforts pour comprendre ce qu’il se passe dans le quartier finalement bien mystérieux. Ce puzzle très complexe fini par s’assembler progressivement : le dénouement apporte des réponses, mais il me laisse aussi un sentiment d’inachevé.
Globalement, j’ai bien aimé cette histoire malgré quelques points de réserve. Intéressant et dynamique, le récit m’a toutefois semblé un peu trop éparpillé et pas assez profond. J’avais l’impression d’être toujours dans la légèreté, en surface ; je n’avais pas le temps de m’imprégner réellement de l’ambiance sombre, du malaise qui s’installait. J’ai bien ressenti l’angoisse monter, le drame se profiler, mais le scénario aurait pu être encore plus approfondi pour accentuer l’effet tragique. J’ai bien aimé découvrir les voisins : sentir les zones d’ombre, imaginer les pires secrets. Entrainée, j’ai fait des suppositions sur leurs vies, leur éventuel implication, les raisons de s’en prendre à Paul... L’affaire comporte beaucoup d’éléments, des pistes et fausses pistes (peut-être un peu trop ?) ; cela apporte du rythme car Paul ne s’arrête jamais. Tenue en haleine, j’ai apprécié le suspense constant. Les révélations finales sont surprenantes ; je ne les aurais jamais imaginées, mais j'aurais aimé qu'elles soient plus exploitées et peut-être mise en avant plus tôt. À la fin du livre, il me reste quelques questions. Prenante, la plume de John Veher a tout de même su m’emporter.
Ma note : 3,5/5
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