"La mort de Mrs Westaway" de Ruth Ware

Traduit par Héloïse Esquié
Genre : Roman, Suspense

Résumé :
Lorsque Harriet Westaway reçoit un courrier lui annonçant un héritage conséquent provenant de sa grand-mère, cela semble être la réponse inespérée à tous ses problèmes.
En effet, Harriet doit de l'argent, beaucoup d'argent, emprunté à un usurier sans scrupules, et cela risque fort de mettre sa vie en danger. Seul souci : ses grands-parents sont décédés vingt ans auparavant, et elle ne les a même jamais connus. La lettre a donc été adressée à la mauvaise personne.
Mais Harriet qui gagne sa vie en tirant les cartes pour prédire l'avenir n'est plus à une affabulation près.
Et ce coup du sort pourrait enfin tout résoudre... sauf si le hasard en décide autrement...

Extrait :
"Hal ne savait pas combien de temps elle était restée assise là, interloquée, promenant son regard entre la feuille blanche soigneusement pliée et la page de recherches sur son téléphone. […]
C’était Trepassen House. Trepassen House, c’était ça. Pas un petit pavillon modeste ou une maison mitoyenne de style victorien affublé d’un nom prétentieux. Non, un vrai domaine de campagne.
Une part, même minime, d’une propriété comme celle-là pourrait faire mieux que l’aider à payer ses factures. Elle lui permettrait de retrouver une sécurité financière qu’elle avait perdu à la mort de sa mère. Même quelques centaines de livres lui accorderaient un sursis plus confortable que tout ce qu’elle se rappelait ces derniers mois. […]
En elle se diffusait un curieux mélange d’émotions qui la réchauffait encore plus que le thé.
De l’excitation ? Oui.
De l’impatience aussi, et pas qu’un peu.
Mais surtout, une chose qu’elle n’avait pas osé éprouver depuis de nombreuses années. De l’espoir."

Mon avis :
Alors qu’elle vit chichement, Harriet découvre qu’elle hérite de sa supposée grand-mère, Hester Westaway. Consciente qu’il s’agit d’une erreur, elle prend le risque de se faire passer pour la prétendue héritière par désespoir. Sur place, elle découvre une famille loin d’être soudée et se rend compte que son rôle sera plus dur à jouer que prévu. Mais surtout, son arrivée provoquera une réaction en chaîne sur des non-dits et des secrets bien trop longtemps cachés…

Dans ce roman, j’ai découvert une jeune fille généreuse et bienveillante ; bien loin de l’image d’une personne malhonnête et profiteuse comme je l’avais supposé à la lecture du résumé. Harriet est orpheline ; elle a toujours vécu avec sa mère, Margarida Westaway ; elle se sent terriblement seule depuis son décès. À son chagrin s’ajoute des soucis financiers qui la mettent dans une mauvaise posture. Harriet ne veut pas usurper d’identité, encore moins voler, mais elle se sent tellement acculée qu’elle ne voit pas d’autre issue. Ainsi, elle fait la connaissance de ses « oncles » : Ezra, Abel et Harding. Il ne manque que la « mère » d’Harriet, Maud, pour compléter la fratrie. Celle-ci est un sujet tabou : elle a disparu un jour sans donner de nouvelle. Mal à l’aise dans la demeure, Harriet est vite déstabilisée, hésitante. En plus, l'énigmatique gouvernante, Mrs Warren semble avoir vu clair dans son jeu.

Malgré le malaise palpable, Harriet est intriguée par des bribes de conversations et des photos. En reprenant les affaires personnelles de sa mère, elle découvre des incohérences. Son intérêt piqué, elle tente de faire éclater une vérité qui pourrait lui permettre de découvrir l’identité de son père… mais aussi de lever le mystère sur les secrets des Westaway. Dans l’ambiance sinistre de la demeure, le danger rôde, sournoisement. En parallèle, le journal intime de Margarida m’a fait remonter le temps durant quelques mois en 1994 ; j'ai aimé cette alternance de temps. Mais plutôt que d’apporter des réponses, il m’a apporté davantage de questions. Les éléments découverts, au présent comme au passé, ont du mal à s’imbriquer. L’affaire est complexe, il est difficile de savoir à qui se fier. J'ai tenté mes suppositions, réfléchi aux côté d'Harriet Ce n’est qu’à la toute fin que les révélations complètes surviennent enfin, laissant place à un dénouement satisfaisant.

Globalement, j’ai bien aimé cette histoire. Je déplore cependant des longueurs qui m’ont fait décrocher à plusieurs reprises, et ce, dès le début. J’ai trouvé que la mise en place du récit était trop lente : Harriet arrive au manoir à un quart du livre. C’est dommage, car la lecture lors du huis-clos à Trepassen House fait partie du plus intéressant : l’atmosphère qui se charge en intensité, la tension, le malaise qui s’installe… À partir de là, j’ai été beaucoup plus captivée. J’ai été curieuse de connaitre le lien entre Harriet et Hester Westaway, la raison pour laquelle elle s’est retrouvée sur le testament, la relation entre Maud et ses frères, mais aussi avec Margarida qui semble avoir vécu au manoir… Tout est progressif, les choses changent imperceptiblement, l’angoisse monte insidieusement. J’ai aimé la réflexion autour du passé d'Harriet et, plus largement, de la famille Westaway, puis découvrir enfin tous les tenants et aboutissants. Entrainante, la plume de Ruth Ware a tout de même su me tenir en haleine jusqu’au bout.

Ma note : 3,5/5

De cette auteure, j'ai aussi lu : La disparue de la cabine n°10.

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