"Contagion" de Florent Perret

Genre : Nouvelle, Horreur

Résumé :
« Quand je ferme les yeux, je vois le cadavre de la petite Olivia comme s’il était juste devant moi. Tout cela sera marqué dans mon esprit jusqu’à la fin de mes jours : les gonflements anormaux sur son corps, les protubérances au niveau du cou et des mains, et le côté droit de son visage déformé par de larges pustules.
Celles qui ont éclaté ont laissé de larges marques et des lambeaux de peau distendue que même le maquillage du croque-mort n’a pu dissimuler. »

L’année 1895. Dans un petit village reculé de l’Angleterre, une étrange infection se propage. Au milieu du chaos, un jeune homme consigne les événements dans son journal intime.

Extrait :
"Olivia Grant est morte aujourd'hui.
Père est rentré comme la nuit tombait, presque à l'heure exacte à laquelle il était parti la veille au chevet de la fillette. Il n'eut pas de mots, mais ils n'étaient pas nécessaires. Ses yeux étaient cernés de noirs, et on lisait la tristesse derrière la fatigue. Mère a fait un signe de croix, Horace a continué de manger et moi, je crois que j'ai baissé la tête.
Nous avons achevé notre repas en silence. J'ai vu les regards d'Horace - et il a vu les miens - mais aucun de nous n'a osé poser la question qui nous taraudait l'esprit. Peut-être avions nous simplement trop peur de la réponse.
Le haut de la chemise de notre père était tachée de sang."

Mon avis :
1895. Dans un village isolé, un mal ronge ses habitants les uns après les autres, sans répit. Des hommes corbeaux viennent régulièrement, des soldats empêchent toute échappée du secteur. Que se passe-t-il ? Personne ne leur dit rien, mais il semble que la maladie se propage dans l'eau du puits. Comment échapper à l'inévitable ? Peut-il y avoir une guérison ?

Dans cet ouvrage présenté sous forme de journal intime, j'ai tout de suite été plongée aux côtés d'Edward, le jeune homme qui le rédige. Inquiet, il y transcrit son quotidien chamboulé, ses craintes, ses pensées. Au fil de ses confessions, j'ai pu voir l'évolution de la maladie, les symptômes et la mortalité s'intensifier. Le père d'Edward est le médecin de ce petit village et doit affronter à chaque instant la maladie, mais surtout la mort. Frustré, le découragement le gagne... Il n'arrive à sauver aucun de ses patients. Qui sera épargné ? Qu'adviendra-t-il de la famille d'Edward ? Ces étranges hommes en noirs pourront-ils leur venir en aide ?

Ce livre se déroule totalement à huis-clos dans ce village, plus particulièrement au sein de la famille Mordake. Sombre, le récit débute alors que la terrible maladie se diffuse déjà et gagne en intensité. Les habitants savent déjà qu'ils doivent éviter à tout prix de consommer l'eau du puits. Le temps et l'observation permettent à Edward et son père de faire des hypothèses, d'essayer de comprendre. Impuissants, comme les protagonistes, on assiste au développement de l'épidémie, si l'on peut l'appeler ainsi, et aux répercussions dramatiques qu'elle peut avoir. En effet, le sentiment d'insécurité va pousser certains villageois à essayer de se rebeller... sans vraiment savoir contre qui. Oppressante, l'ambiance se noircie au fil des pages. Les tensions s'intensifient ; l'heure des choix et des décisions difficiles arrivent... Les conséquences au dénouement seront terribles.

Prenante, cette tranche de vie apporte une angoisse et un sentiment d'abattement. Peste, choléra, variole, grippe ? Quelque soit la maladie évoquée ici, on ressent toute l'impuissance de l'époque alors que l'hygiène et les soins n'étaient pas aussi développés. Dans une atmosphère lugubre, la panique s'empare des témoins d'horreurs, la folie gagne les mères et pères qui perdent leurs enfants, l'impression d'abandon est ressenti par beaucoup. J'ai lu d'une traite la nouvelle : c'est entrainant malgré la thématique. J'avais envie de savoir comment cela allait se finir. J'aurais aimé un petit épilogue avec un œil extérieur pour avoir des précisions. Malgré quelques petites coquilles, la plume de Florent Perret est agréable à lire.

Ma note : 4/5

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