"Je veux peindre et aimer" d'Évelyne Dress

Genre : Roman

Résumé :
Portée par son besoin de peindre et d’aimer, Rebecca aborde la vie et le siècle avec enthousiasme et sensualité. De la Grande Guerre aux Années folles ; de la Provence à New York et jusqu’à la Turquie, elle nous entraîne dans une quête palpitante d’elle-même. Elle fait des rencontres surprenantes : Pierre Matisse, George Gershwin, Khalil Gibran… Et sa peinture la porte avec audace et détermination vers l’amour. Dans l’ombre, un Pygmalion veille. Avec lui, elle trace son destin à la pointe de ses pinceaux… Mais est-il possible de créer, d’aimer et de rester libre ?

Extrait :
"J'avais tout mis en lui, toute ma force, tout mon amour. Il était l'homme de ma vie, mon Georges adoré. [...] Nous allions enfin nous marier. Son parcours était tout tracé, il serait géomètre, puis, vers trente-cinq ans, ingénieur en génie civil. Nous aurions des enfants et nous serions heureux.
Il n'eut que le temps d'aider ses parents à faire les foins et la moisson. Le 2 août, premier jour de la mobilisation générale, il a rejoint le front, fièrement, la fleur au fusil, souriant, le regard sans peur, heureux d'en découdre avec l'ennemi.
Je l'ai regardé défiler sous les acclamations de la foule le pas léger et la tête haute. Il était beau. La Marseillaise résonnait, les drapeaux flottaient à toutes les fenêtres, les verres s'entrechoquaient, des bouquets voilaient par milliers. C'était une grande fête. Vive la France !"

Mon avis :
De jeune fille naïve à femme peintre, Rebecca retrace sa vie : ses joies, ses peines, ses drames. Elle passe par des moments intenses de bonheur, mais aussi de tristesse. Les épreuves la feront grandir et réfléchir ; elle prendra des décisions qui la conduiront vers de nouveaux horizons, parfois incertains. Quelles autres aventures l’avenir lui réserve-t-il encore ? Trouvera-t-elle des réponses à ses questions ?

Dans ce roman, j’ai fait la connaissance de Rebecca alors qu’elle n’avait que 17 ans. Elle s’imagine une vie toute tracée et paisible avec Georges… mais la Première Guerre Mondiale en décidera autrement. Dévastée, Rebecca s’oublie un temps dans la peinture ; s’enferme dans sa peine. La jeune femme s’ouvre de nouveau au monde quelques années plus tard, renoue avec la société. Elle essuiera d’autres déceptions. Sa route croisera Viviane, Maxime, Hélène, Charles, Jean… et plus encore… Elle fera un bout avec certains, en laissera d’autres. Tous lui apporteront un petit quelque chose : une vision du monde, une réflexion. Elle est parfois touchante, mais aussi un peu trop naïve à certains moments.

Entrainant, ce récit m’a transportée aux côtés de Rebecca durant quelques années. J’ai pu la voir évoluer, passant de jeune fille à femme. Elle cherche sa place dans ce monde, mais aussi un sens à sa vie. Qui est-elle ? Que veut-elle accomplir ? Une seule évidence : son quotidien doit composer avec sa passion qu’est la peinture. Elle pourrait même en vivre ? Elle a aussi besoin d’exister pour un homme ; elle s’accroche – parfois trop – à celui qu’elle croisera après la perte de son premier amour. Les années filent et elle ne renonce pas – jamais – à la peinture. Elle impose ses choix ; elle est devenue forte et indépendante derrière sa fragilité. Ses péripéties la conduiront dans plusieurs pays… Le dénouement apportera enfin un apaisement à Rebecca.

Doucereux, ce roman est fluide à lire. J’ai beaucoup aimé découvrir cette tranche de vie qui se déroule il y a des décennies. Dans l’ambiance d’antan, Rebecca détonne déjà sans le vouloir : seule, déterminée ; son caractère et son mode de vie ne passent pas inaperçus. J’ai ressenti l’envie de vivre pour elle, et pas pour et comme les autres. S’écouter, profiter de la vie et ne pas s’encombrer de sombres pensées, malgré les difficultés. Inspirante, la jeune femme s’affirme mais elle peine à combler un manque dans sa vie. J’ai ressenti de nombreuses émotions ; l’histoire est tendre et intéressante. Comme toujours avec l’auteure, les descriptions sont précises et visuelles : les lieux, la peinture. Je me les suis facilement représenté. Le réalisme est accentué par des détails historiques (évènements, personnages). J’ai passé un agréable moment avec la plume délicate d’Évelyne Dress.

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