"La disparition d'Annie Thorne" de C.J. Tudor

Genre : Roman, Thriller, Suspense

Résumé :
Une nuit, Annie a disparu de son lit. Il y a eu des recherches. Tout le monde imaginait le pire. Finalement, au bout de quarante-huit heures, ma petite sœur est revenue. Mais elle ne voulait pas - ou ne souhaitait pas - dire ce qui s'était passé. Quelque chose lui est arrivé. Je ne peux pas expliquer quoi. Je sais juste que, quand elle est rentrée à la maison, elle n'était plus la même. Elle n'était plus ma Annie. Je ne voulais pas avouer aux autres et encore moins à moi-même que, parfois, j'avais peur d'elle. Et puis, il y a deux mois, j'ai reçu un e-mail : Je sais ce qui est arrivé à votre sœur. Ça recommence...

Extrait :
"Avant même d'entrer dans le cottage, Gary sait que quelque chose ne va pas.
Si l'odeur douçâtre qui filtre par la porte ouverte, si les mouches voletant dans l'entrée chaude et poisseuse ne suffisent pas à le convaincre que tout a mal, terriblement mal tourné, le silence le lui confirme. [...]
Au milieu de la pièce, une femme affalée sur un canapé en cuir fatigué fait face à une grande télévision. [...] Gary se rejoue rapidement la scène. Elle enfonce le canon dans sa bouche et tire ; la balle ressort un peu à gauche, là où les dégâts sont le plus visibles - ce qui est parfaitement logique étant donné qu'elle tient l'arme de la main droite."

Mon avis :
Interpellé par une missive électronique, Joe Thorne revient sur les lieux de son enfance, à Arnhill, une petite ville. Plus jeune, il a dû faire face à la disparition de sa sœur. Puis il a été traumatisé par l'après : Annie est revenue changée, étrange. Quelques mois plus tard, un drame secoue à nouveau sa famille. Afin de comprendre ce qui est arrivé à l'époque et ce qui semble se reproduire aujourd'hui, Joe s'insinue dans le quotidien de la ville, de ses anciens camarades. Mais son retour ne sera pas du goût de tout le monde...

Dans ce roman, j'ai fait la connaissance de Joe ; un homme solitaire et blessé par la vie. À la dérive, il cumule des dettes à des personnes peu fréquentables. Son exil à Arnhill est donc une aubaine pour se faire un peu oublier. Joe loue un petit cottage et ne tarde pas à croiser le chemin d'anciens amis. Cela fait remonter des souvenirs longtemps enfouis... Hurst, Chris, Marie, Fletch : sa petite bande et lui ont fait quelques bêtises mais certaines ont eu des conséquences tragiques que tous voulaient oublier. Il ne peut se fier à personne : il dérange. Déterminé, il veut s'amender et faire la lumière sur l'affaire de la mine qui le hante encore des années après.

Sombre, l'intrigue évoque les agissements de Joe et ses amis, notamment avec la découverte de l'entrée de la vieille mine de la ville. La disparition d'Annie est expliquée assez tardivement dans le récit, de manière décousue. Il a été difficile de saisir le lien avec la bande de Joe et l'enfant. On est surtout plongé dans les méandres de Joe, qui ressasse cette période, repense aux choix qu'il a fait - qu'il aurait dû faire. Agressé au bout de quelques jours, il a la pression de toute part : rembourser le créancier, faire face à Hurst, découvrir son corbeau qui l'a fait venir... Dans une atmosphère pesante, Joe tente d'avancer et de trouver des réponses à ses questions. Le mystère s'épaissit, les évènements s'enchainent. De rebondissements en découvertes, les secrets du passé rejoignent les révélations du présent apportant un dénouement satisfaisant mais laissant un peu sur la faim. 

Si le titre est La disparition d'Annie Thorne, je regrette pourtant que ce soit trop survolé. J'aurais aimé avoir une histoire plus centrale sur la fillette, sa vie après son retour et ce qui a conduit à un nouveau drame à l'époque. Ici, cela tourne essentiellement autour des tourments de Joe : ses désillusions, ses regrets, etc. L'histoire se déroule avec Joe et ses amis ; c'est surtout ses habitudes de l'époque que l'on découvre, leurs occupations... Le personnage principal est trop dans la plainte, cela le rendant antipathique. J'ai trouvé des longueurs dans le récit, pas assez de dynamisme. Les victimes (Annie, Chris, Ben, Mme Morton...) sont trop effacées, ainsi que les circonstances de leurs décès. Il y a une touche fantastique dans les révélations ; une ambiance mystique qui aurait pu être mieux exploitée : c'est dommage car le pitch est bon, le prologue était prometteur... mais le soufflé est un peu retombé. Malgré tout, la plume de C.J. Tudor est agréable à lire.

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