"La route" de Cormac McCarthy

Genre : Roman, Dystopie, Suspense

Résumé :
L’apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres et de cadavres. Parmi les survivants, un père et son fils errent sur une route, poussant un caddie rempli d’objets hétéroclites. Dans la pluie, la neige et le froid, ils avancent vers les côtes du Sud, la peur au ventre : des hordes de sauvages cannibales terrorisent ce qui reste de l’humanité. Survivront-ils à leur voyage ?

Extrait :
"Quand il se réveillait dans les bois dans l'obscurité et le froid de la nuit il tendait la main pour toucher l'enfant qui dormait à ses côtés. Les nuits obscures au-delà de l'obscur et les jours chaque jour plus gris que celui d'avant. Comme l'assaut d'on ne sait quel glaucome froid assombrissant le monde sous sa taie. À chaque précieuse respiration sa main se soulevait et retombait doucement. Il repoussa la bâche en plastique et se souleva dans les vêtements et les couvertures empuantis et regarda vers l'est en quête d'une lumière mais il n'y en avait pas. [...]
À la première lueur grise il se leva et laissa le petit dormir et alla sur la route et s'accroupit, scrutant le pays vers le sud. Nu, silencieux, impie. Il pensait qu'on devait être en octobre mais il n'en était pas certain. Il y avait des années qu'il ne tenait plus de calendrier. Ils allaient vers le sud. Il n'y aurait pas moyen de survivre un autre hiver par ici."

Mon avis :
Dans un monde méconnaissable, un père et son fils marchent pour survivre au manque de tout mais aussi face à certaines personnes presque revenues à l’état sauvage. L’homme et l’enfant affrontent les éléments, la noirceur, sans but vraiment, hormis trouver un peu de meilleur... Jusqu’où les mènera la route ?

Dans ce roman, j’ai fait la connaissance d’un père et son fils dont on ne connait pas les prénoms… Est-ce seulement utile dans cet environnement qui n’a plus rien d’humain ? L’attachement des deux protagonistes n’est pas dans la démonstration. Tout en pudeur, ils veillent l’un sur l’autre du mieux qu’ils peuvent, avec tendresse. Dans ce presque néant, ils fuient le peu d’autres personnes ; ils s’isolent pour ne pas faire de mauvaises rencontres. Les réflexions ponctuent leur trajet, des souvenirs d’avant, parfois. L’homme et l’enfant sont attachants.

Avec un rythme lent, le récit m’a entrainée aux côtés du père et son fils. Morose, l’histoire montre leur trajet durant quelques semaines : leur vie devenue une lutte permanente. Pesante, l’ambiance est sombre, inquiétante. On ressent la solitude de ce duo, leur entêtement mais aussi quelque fois leur abattement. Au milieu de cette destruction, la violence est là et pointe les horreurs de la survie. L’homme et l’enfant doivent faire preuve de courage, mais aussi d’une prudence constante. Poignant, le dénouement laisse le lecteur en émoi, à bout de souffle.

Différent d’autres livres post-apocalyptiques, celui-ci ne met pas en avant de l’action ou l’accent sur les raisons de l’effondrement. La relation humaine entre un père et son fils est centrale et bien travaillée. La syntaxe m’a un peu décontenancée : peu de ponctuation, pas de chapitre. Tout est mis bout à bout, comme des notes brutes que l’on prend en observant la situation. Finalement, cela colle plutôt bien à l’atmosphère glaçante et oppressante qui se dégage des pages. Si le style de l’auteur est particulier, il n'en reste pas moins percutant et visuel ; je me suis bien représentée l’épopée du père et son fils mais aussi l’état du monde. Incisive, la plume de Cormac McCarty est haletante.

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