"The last" d'Hanna Jameson

Traduit par Noam Cochin
Genre : Roman, Thriller

Résumé :
Jon pensait avoir largement le temps de répondre au dernier SMS de sa femme. Mais alors qu’il prend son petit-déjeuner dans le hall de l’Hôtel Sixième en Suisse après une conférence, le monde se rappelle à lui avec d’atroces nouvelles. Washington DC a été effacée par une bombe nucléaire. Plus de nouvelles de New York. Londres s’est éteinte. Berlin aussi. Voilà ce qu’il a le temps de comprendre avant que les médias et les réseaux sociaux soient coupés à leur tour. Avant que le ciel se couvre de nuages oranges. Deux mois plus tard, ils sont vingt survivants réfugiés dans cet hôtel connu pour son histoire teintée de suicides et de meurtres. Jon et ses compagnons d’infortune essaient de maintenir un semblant de quotidien. Jusqu’au jour où ils découvrent le corps d’une petite fille. Les provisions s’amenuisent, les tensions s’affutent. Et si finalement le danger n’était pas à l’extérieur ?

Extrait :
"Un jour, Nadia m'a dit que l'idée d'apprendre la fin du monde par une notification sur son téléphone la tenait éveillée la nuit. [...]
Pour moi, cela s'est passé il y a trois jours autour d'un petit-déjeuner gratuit.
J'étais assis près de la fenêtre. Je regardais la forêt et le chemin qui contournait l'hôtel et menait au parking. [...]
Peut-être ai-je eu de la chance de survivre à la fin du monde sur Internet au lieu de la vivre en vrai, de ne pas avoir eu  à réagir à l'explosion ou à la sirène l'annonçant.
Nous sommes toujours là. C'est le troisième jour et Internet est en panne. Je suis assis dans ma chambre d'hôtel et je guette l'horizon depuis ma fenêtre. Si quelque chose se passe, je ferai de mon mieux pour le décrire."

Mon avis :
Alors qu’une guerre nucléaire détruit la Terre, un groupe de survivants, isolé dans un hôtel Suisse, s’organise pour survivre. Inquiets, ils ne savent pas si leur mort est proche, et quel sera leur avenir. À cela s’ajoute la découverte du corps d’une fillette. Pour ne pas devenir fou dans ce contexte si angoissant, Jon décide de consigner ces moments tragiques, mais aussi d’enquêter afin de rendre justice à cette petite fille morte dans l’indifférence. Que deviendront tous ces survivants ? 

Dans ce roman, j’ai fait la connaissance de Jon, un historien qui séjourne dans un hôtel en Suisse pour le travail. Lorsque la catastrophe se produit, une vague de panique s’empare de tout le monde, suscitant des réactions diverses. La plupart des clients partent, reste alors un petit groupe dont les membres vont devoir cohabiter au mieux. Ainsi, j’ai aussi découvert Tomi, Tania, Dylan, Adam, Nathan, Sasha, Mia et bien d’autres encore. Certains sont des salariés de l’établissement, d’autres de simples clients. Les personnes sont assez ambivalentes au fil des jours et des évènements : à qui peut-on vraiment se fier ? Quelle est l’histoire de chacun ? Le groupe est-il vraiment seul aux alentours ?

Intéressante, l’intrigue prend sa source alors que le monde explose : des bombes sont envoyées dans plusieurs pays, rayant de la carte une partie de la population et des grandes villes. Très vite, il n’y a plus de connexion avec l’extérieur : l’hôtel est isolé. Dans un huis-clos oppressant, plusieurs questions se posent : que s’est-il passé pour en arriver là ? Qu’est devenu le reste du monde ? Que se passe-t-il à l’extérieur... et au sein de l’hôtel ? Quels secrets sont enfouis ? Dans une ambiance sombre et pesante, j’ai pu suivre le journal de bord de Jon, un homme naïf, parfois agaçant, mais qui semble vouloir ce qu’il y a de mieux et de juste. L’histoire évoque « l’après fin du monde », la survie, les choix à faire, l’adaptation. Quelques rebondissements dynamisent le récit, il y a un petit suspense omniprésent, des interrogations qui subsistent et attisent l’intérêt. La situation est assez réaliste au regard de l’actualité et cela accentue donc le sentiment de peur. Après des semaines compliquées, le dénouement clôture l’épopée de Jon et ses amis avec une fin qui laisse imaginer ce que deviendra l’humanité.

J’ai plutôt bien aimé cette histoire qui se déroule dans un contexte post-apocalyptique. Contrairement à d’autres fictions, ici, pas d’effondrement relatif au climat, ni de zombies… mais une destruction du monde à coup de bombes nucléaires. Une guerre de grande ampleur a conduit à cette situation invraisemblable. Les conséquences ont un impact sur les survivants : modification de l’atmosphère, de l’environnement. L’instinct de survie prend le dessus chez beaucoup de personnes avec son lot de pillage, de violences en tout genre. J’ai apprécié d'être témoin du fonctionnement d’un petit groupe d’individus isolés dans ces conditions. Le mystère autour de la fillette est prenant, même si cela passait plutôt au second plan. Les investigations sont souvent compromises par les tracas du quotidien. J’ai tout de même été curieuse d’en savoir plus sur tout : l’avant catastrophe, l’hôtel et ses salariés parfois étranges, l’assassinat de la fillette, le devenir du monde… Je n’ai pas eu une satisfaction totale mais j’ai passé un bon moment. J’ai aimé le choix de narration : c’est Jon qui raconte dans un journal et il fait la chronologie en comptant les jours depuis la fin du monde. Cela donne encore plus l’impression d’être reclus et seul au monde. Entrainante, la plume d’Hanna Jameson est soignée et facile à lire.

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