"Hystérie champêtre" de Juliette Robert

Genre : Roman, Suspense

Résumé :
Printemps 2021. Le second confinement est annoncé. Au bord de la crise de nerfs, France décide de déménager en catastrophe à la campagne, avec son mari et ses deux filles. L'occasion de se ressourcer et de retisser les liens avec sa fille aînée, Louise, 18 ans. Mais Louise, obligée de changer d'école à quelques mois du bac, hantée par ses souvenirs d'enfance, n'est pas tout à fait du même avis. Est-ce JC, son nouveau voisin, qui l'aidera à affronter ses démons ? Et pourquoi Madeleine, la petite dernière, se réveille-t-elle la nuit à cause d'étranges cauchemars ?

Extrait :
"Le jour du déménagement, on entend les mouches voler dans la voiture. Même Madeleine, qui est une vraie pipelette du haut de ses sept ans, garde le silence.
"Criquetot-sur-Ouville", annonce un panneau sur le bord de la route, planté là au hasard, ne semblant rien départager de ces champs qui s'étendent à perte de vue. Papa roule encore un peu, s'engage dans une allée sur la gauche, et dit sobrement :
- On arrive.
La voiture cahote sur le chemin de terre. Par la fenêtre, Louise regarde les vaches. Elles paissent paisiblement dans un champ.
- Vous osez me dire que la campagne, c'est pas que des vaches et des champs... grommelle-t-elle.
Au bout du chemin, à quelques centaines de mètres, on commence à voir la maison se dessiner. C'est une immense bâtisse en brique rouge, sur deux étages, flanquée d'aides symétriques qui l'agrandissent encore."

Mon avis :
Une famille bourgeoise décide de déménager de Paris pour la campagne profonde afin d'améliorer leur confort de vie. Cette décision n'est pas du goût de tous ; Louise, 18 ans, accepte difficilement ce choix. Arrivés dans la maison, la famille peine à trouver de nouveaux repères. Madeleine n'est plus si joyeuse, Louise est tendue ; France, la mère, parait déconnectée et Jacques, le père, n'est presque jamais là. Le choc des cultures s'accentue lorsqu'ils rencontrent la famille d'à côté, des campagnards nés. Dans cet environnement pesant, la tragédie ne semble pas loin...

Dans ce roman, j'ai donc fait la connaissance des Lavillardière venus trouver la quiétude loin de la pollution. Peu habitués à la campagne, ils sont en décalage avec la vie dans la nature. Fragile, France évoque un problème de burn-out qui demande beaucoup de temps, de calme et de repos. Ses humeurs sont très changeantes et passent d'un extrême à l'autre. Décontenancée par l'attitude de sa mère, Louise est en colère depuis des mois, des années. Elle a le sentiment d'avoir été abandonnée depuis bien longtemps, alors elle la provoque, se montre piquante. Discrète, Madeleine se fait toute petite, accepte tout sans rechigner ; elle camoufle ses blessures pour ne pas déranger ‒ elle est touchante. Dépassé, le père ne veut plus s'impliquer et fuit autant qu'il peut. Un malaise constant et grandissant pèse sur cette famille. J'ai aussi côtoyé succinctement JC et ses proches ; ils sont à l'opposé : plus simples et équilibrés, a priori.

Comme dans un huis-clos, j'ai suivi l'installation de la famille Lavillardière. Dans une ambiance inquiétante, j'ai assisté à la dégradation des relations familiales et sociales. Insidieusement, tout s'assombrit ; l'angoisse grandit. Les membres de la famille souffrent, chacun à leur manière, pour des raisons liées les unes aux autres. Derrière les murs, tout est sinistre ; on se sent oppressé, étouffé. Comme dans le flou, on ne sait plus trop à qui se fier. Je me suis posé beaucoup de questions. Comme dans une cocotte-minute, j'ai senti la pression monter et, tenue en haleine, j'attendais avec crainte l'explosion ‒ inévitable ? Après divers incidents, le dénouement est arrivé avec le drame tant redouté. Toutefois, je n'ai pas su saisir la finalité du roman. Je reste avec mes interrogations, un peu frustrée... il me manque des explications, ce n'était pas clair et suffisamment fourni pour moi.

À la lecture du résumé, je m'attendais à un récit sombre et dérangeant avec des rebondissements et du suspense, en lien avec la maison et/ou les voisins... J'ai retrouvé certains éléments, mais je n'ai pas été totalement satisfaite. Après toute la mise en place, notamment de la psychologie des personnages, j'imaginais un déchainement plus dynamique avec davantage d'action, de fougue et des révélations surprenantes. Malheureusement, je termine sur une petite déception car je n'ai pas l'impression d'avoir conclu l'histoire. En revanche, je trouve que l'univers de l'auteure est riche concernant l'atmosphère lugubre et la construction des personnages. J'étais toujours dans le doute et l'ambivalence avec eux. J'ai aussi apprécié la construction du livre avec des actes qui donnent du rythme et font l'effet d'un compte-à-rebours : à quel moment cela va-t-il basculer ? Pour moi, l'épilogue est donc décevant, il me laisse un goût d'inachevé. Entrainante, la plume de Juliette Robert est, malgré tout, agréable à lire.

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Service Presse
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