"Dans les profondeurs du Titanic" de Paul-Henri Nargeolet

Genre : Roman, Témoignage

Résumé :
1er septembre 1985. Le Titanic, disparu depuis le 15 avril 1912, est retrouvé dans l’Atlantique Nord où il gît par 3821 mètres de fond.
Sollicité par l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), Paul-Henri Nargeolet, commandant dans la Marine nationale, devient directeur des recherches sous-marines dans le cadre des futures expéditions sur l’épave. De 1987 à 2021, il part à la recherche des derniers secrets du paquebot au cours de centaines d’heures de plongée. Plus de 5 500 objets seront remontés à la surface sous sa supervision : morceaux de coque, bijoux, bouteille de champagne, tissus, bagages ­– autant de témoins qui racontent les plus grandes heures du navire, et son destin tragique.
À travers le fabuleux récit de ses expéditions, Paul-Henri Nargeolet fait revivre l’histoire du Titanic, celle de ses passagers et de son équipage, offrant un point de vue unique sur cette catastrophe maritime qui alimenta tous les fantasmes.

Extrait :
"Un grand silence s'abat instantanément dans l'habitacle : alors que Guy Sciaronne, Max Dubois et moi n'avons pas cessé d'échanger des informations pendant une heure et demie de descente vers le fond, plus personne ne dit rien pendant dix bonne minutes. Sous nos yeux, la plus belle image que l'on puisse avoir de l'épave : la place avant, avec les treuils, les chaînes d'ancres toujours en place soixante-quinze ans plus tard. Le spectacle est saisissant : à cette profondeur, la vie marine se réduit au minimum. Pas d'algues ondulantes, de tapis d'éponges, de gorgones ou de coraux multicolores pour masque la ferraille. Seule note colorée, les rusticles, ces stalactites de rouilles fabriquées par des micro-organismes, dont l'orangé tranche sur le voile gris de sédiment marin et le noir absolu de l'eau."

Mon avis :
En août 1987, Paul-Henri Nargeolet réalise son plus grand rêve : découvrir, étudier, scruter le Titanic. Passionné depuis l’enfance par l’exploration marine, il a un parcours professionnel riche. Le Titanic a pris une part importante dans sa carrière puisqu’il a conduit les recherches sur le paquebot jusqu’en 2019. Avec ce récit, Paul-Henri Nargeolet livre ses souvenirs, ses impressions et partage ses trésors avec le public.

Dans ce témoignage très intéressant, l’explorateur explique comment se sont passées les recherches de 1987 à 2019. Avec l’institut de recherche pour l’exploitation de la mer (IFREMER) et l’institut océanographique de Woods Hole, il va mener des voyages au cœur de la zone de naufrage, là où l’insubmersible a sombré en 1912. Seules 700 personnes ont pu réchapper à ce terrible drame ; 300 corps ont été repêchés en surface ; on estime que 1500 victimes reposent alors avec l’épave.

C’est donc avec une émotion intense que l’auteur découvre pour la première fois le Titanic. À ce bouleversement se mêlent au fil des années toutes sortes de sentiments : fierté, joie, tristesse, impatience… Conscient de vivre des instants uniques, il savoure chaque plongée et donne le meilleur de lui-même. En lisant ces mots, j’ai pu appréhender son ressenti ; mais aussi celui de toute l’équipe qui agit toujours avec respect et bienveillance. Globalement, l’ambiance est plutôt ambivalente : on passe de l’excitation de la découverte, au stress des fouilles ; de l’envie de comprendre à une impression pesante, étrange, emprunte de mélancolie. Les personnes s’imaginent la vie à bord, puis le drame, le chaos, la mort. La découverte d’objets personnels concrétise les récits de la catastrophe. En parallèle de ma lecture, j'ai été chercher des photos de tout ce qui est évoqué (matériel, épave, objet, musée, etc...) : cela m'a permis d'apporter davantage de réalisme à ma lecture.

J’ai apprécié la construction du récit qui reprend les années marquantes de l’exploitation de l’épave. Entrainée du début à la fin, j’ai pu suivre l’évolution de ce travail gigantesque et périlleux. Les thèmes abordés sont variés, précis, palpitants et instructifs : cela va de l'organisation pour récupérer les objets au cadre juridique sur l'exploitation. Il parle évidemment de la catastrophe : le déroulé en fonction des indices trouvés ; et les conséquences de ce naufrage. Mais aussi, il explique la vie en sous-marin, les technologies qui évoluent entre le début et la fin. Ou encore, il évoque certaines histoires de personnes et familles qui étaient à bord, en passant par les mythes et rumeurs qui circulent. Il est aussi question des menaces qui pèsent sur l'épave : humaines, environnementales... Des projets et envies pour l'avenir (le Titan, quand on sait le dénouement aujourd'hui...)... Bref ! Cela attise la curiosité, c'est bien documenté et présenté avec beaucoup de pudeur. On se retrouve embarqué par la passion de Paul-Henri Nargeolet, un homme qui m’a semblé humble et pragmatique.

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