"Coup de pelle" d'Alice Pol

Genre : Roman, Thriller

Résumé :
Un village de montagne isolé par la neige, un commissariat morne, de nouveaux collègues plus calmes qu'un pré suisse à l'heure de la sieste. Voilà ce que Charlie, jeune capitaine de police obsessionnelle et singulière, découvre après une enquête criminelle douloureuse qui lui a coûté son poste.
Tandis qu'elle tente, raquettes aux pieds, de s'accoutumer à son nouvel environnement sans sombrer dans un ennui abyssal, le corps d'un jeune homme est retrouvé devant le portail d'une ferme. Affublée d'un chiot dont elle ne voulait pas et de Marc, son binôme, d'une mollesse rare, Charlie se lance, ralentie par la neige résolue à ne pas fondre, dans cette nouvelle investigation qui pourrait la mener aux confins de la souffrance, de la vengeance et de la folie.

Extrait :
"On n’y voyait quasiment rien. La dameuse semblait avancer sur une route imaginaire, laissant échapper des bips réguliers et stridents dans le silence minéral de la montagne. Il fallait une sérieuse dose de confiance envers le pilote pour se laisser conduire dans cette tempête, le long d’un tel précipice. Ou une violente envie de mourir, c’est selon. Charlie évita de lui montrer sa peur et son vertige, ça ferait trop « pas du coin ».
Dissimulée dans ses tripes se nichait l’envie d’un profond changement. Elle caressait cet espoir sans grand tendresse depuis des mois. Apaisée par la perspective de ce nouveau départ, Charlie aspirait avec impatience à réveiller chacun de ses sens, assoupis par quelques années étouffantes."

Mon avis :
Mutée au cœur de la montagne, Charlie prend ses fonctions dans une petite gendarmerie, loin des tracas de son ancienne vie. Encore tourmentée par une enquête difficile, elle tente d’affronter la neige, avec son nouveau compagnon à quatre pattes, et de résoudre une affaire de meurtre.

Dans ce roman, j’ai fait la connaissance de Charlie, une jeune femme au caractère bien trempée et rigolote. J’ai tout de suite apprécié ses répliques et pensées. Toutefois, j’ai aussi mesuré l’ampleur de ses tourments au fil des pages. Son esprit est encore embrumé par sa séparation et une enquête non-résolue. Elle ressasse énormément, même trop. Cela devient un peu agaçant à la longue. J’ai bien aimé Léon et Sabine, ses voisins ; et surtout Gégé – alias Clint, le chiot qu’elle se trouve contrainte d’adopter. Elle est aussi étonnée par ses nouveaux collègues, notamment Marc. J’ai aussi rencontré d’autres personnages en lien avec les enquêtes évoquées par Charlie.

D’abord prometteuse, avec son ton un peu léger et humoristique, l’intrigue m’a finalement perdue… J’ai décroché à plusieurs reprises et j’ai été tentée d’abandonner ma lecture. J’ai pris le temps nécessaire pour aller jusqu’au bout, pensant que ce n’était pas forcément le bon moment. Malheureusement, je n’ai tout simplement pas accroché. Confus, le récit m’a semblé trop noyé dans les pensées de Charlie. Cela le rend lourd, poussif et peu dynamique. Aussi, les évocations de son passé occultent les investigations en cours : je me suis alors demandé pourquoi l’auteure n’avait pas développé l’affaire de Louise (son cold-case) dans un livre à lui seul… Les personnages sont devenus trop nombreux, il m’était difficile de me repérer entre les différentes enquêtes. Les rebondissements sont passés inaperçus, le dénouement arrive sans surprise.

Je ressors donc déçue de ma lecture. Je pense qu’il y a du potentiel, de bonnes idées de scénarios, mais tout est trop mélangé. Le personnage de Charlie m’a beaucoup plu au départ, sa relation avec Clint aussi. J’ai trouvé que l’on partait presque vers un cosy mystery avec cet univers plutôt léger. Puis l’ambiance s’est assombrie, les réflexions de Charlie sont devenues en plus en plus prenantes, étouffantes. Pour moi, on est trop dans l’introspection : cela dessert et alourdit l’histoire. Les enquêtes sont emmêlées, évoquées en simultané ; cela devient brouillon. Mon intérêt s’est amenuisé au fil des pages, j’ai eu du mal à rester attentive. Le style d’Alice Pol pourrait également être amélioré en allégeant les tournures de phrases : moins de redondance, de descriptions et d’adjectifs. Des phrases courtes, incisives auraient apporté plus de rythme et capté davantage l’attention.

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