"Apis Apocalypsis - T1 : Ordre d'appel" de Julie Muller Volb

Genre : Roman, Dystopie

Résumé :
2045 La Terre n'est plus la planète hospitalière que l'humanité a connue, détruite par la folie humaine. Les abeilles ont disparu, l'oxygène est devenu la nouvelle monnaie, et les survivants se sont retranchés dans les vestiges de bunkers des guerres passées. C'est ainsi que Brieg, jeune ouvrier solitaire, se rend chaque jour à l'usine. Il enchaîne les postes pour gagner sa vie et protéger son lourd secret : il travaille pour deux. En dépit des nouvelles lois, il s'obstine à héberger sa mère malade. Mais, lorsqu'il est appelé à effectuer son service d'entretien à la surface, leur survie est compromise. Sous les ordres de la belle et impitoyable Lexie, Brieg va devoir quitter le bloc et déjouer toutes les menaces de la surface pour subsister. Or, le danger ne vient pas forcément de là où on l'attend, et quand tout n'est que mensonge, à qui se fier ? Le compte à rebours est lancée : parviendra-t-il à rentrer avant que sa mère ne manque d'oxygène ?

Extrait :
"Le bloc ne tardera pas à se remplir. Les ouvriers prendront leur poste comme chaque jour. Et comme chaque jour, ils m’ignoreront. Ce qui, soit dit en passant, me convient parfaitement. Je déteste faire semblant. […] J’ai beau savoir que nous n’avons pas le choix, que je dois être reconnaissant de la chance d’être en vie, en sécurité dans ces bunkers, je n’y arrive pas.
Je pédale, encore et encore, afin de remplir ma jauge d’énergie produite reliée à mon installation. Voilà à quoi ressemble mon job : pédaler des journées entières sur ce qui ressemble étrangement à un vélo de l’Ancien Temps. […]
Je peux désormais aller retirer ma paie : ma recharge d’oxygène."

Mon avis :
2045. Après l’Effondrement de la société, les survivants se sont adaptés une nouvelle ère. Reclus dans d’anciens bunkers, ils tentent de survivre dans une ambiance morose. Telle une dictature, la Communauté comprend des castes avec les pauvres d’un côté – les plus mal lotis ; et les dirigeants et militaires de l’autres – qui sont moins à plaindre. Solitaire, Brieg est appelé à effectuer ses trois jours de service à l’extérieur... Cette sortie forcée va bouleverser toutes ses croyances.

Dans ce roman, j’ai fait la connaissance de Brieg, un jeune homme bourru et renfermé. Il ne vit que pour pédaler et récupérer un maximum d’oxygène... car Brieg a un secret : il cache sa mère dans son studio. Il n’a pas pu se résoudre à la laisser partir au « bloc retraite ». Durant son service militaire, il rencontre Jenna et Ronan qui partent avec lui ; sous les ordres de la sulfureuse Lexie – que Brieg a côtoyé par le passé. Il croisera la route d'autres personnes, comme Ghali, Fred, Irma, Kamil, et bien d'autres. Les apparences sont trompeuses : on se sait pas à qui faire confiance. À la surface, le choc est immense : découverte de la Terre, de ruines et de ce qui peuple encore les lieux... Méfiant, le téméraire Brieg va s’endurcir en quelques jours.

Dans une ambiance sinistre, j’ai pu découvrir la vie post-apocalyptique présentée ici. L’extinction des abeilles a été à l’origine d’un enchainement d’événements dramatiques. En huis-clos, la Communauté où a grandi Brieg se compose d’ouvriers qui – en échange de bouteilles d’oxygène, fournissent de l’électricité en pédalant. Le quotidien des ouvriers est linéaire, identique d'un jour à l'autre. La nourriture est restreinte, sans saveur ; les distractions inexistantes. La vie est intransigeante et dure. La notion de famille est vague ; la liberté restreinte. À l’extérieur, Brieg se retrouve en danger et hors de contrôle. Les découvertes qu’il fera au fil de ses péripéties seront étonnantes mais pas toujours négatives. Dans une atmosphère oppressante, j’ai suivi avec avidités les rebondissements jusqu’à la fin de ce premier tome... qui tient en haleine.

Entrainante, cette dystopie m’a plongée dans un monde dévasté, ruiné et triste. J’ai tout de suite eu une impression d’amertume en visualisant ce qu’il est devenu. Placée du côté de Brieg, j’ai vu tout à travers ses yeux et ressenti ses émotions. Dans une lourdeur persistante, la sensation d’étouffer est continue ; les enjeux sont multiples. J’ai été curieuse de d’en savoir toujours plus : les secrets, la Communauté, l’extérieur, le passé, les autres êtres vivants... J’ai apprécié les réflexions autour de la nature, les questions que soulèvent la situation des humains restants ; mais aussi cette détermination, l’espoir qui anime et motive le jeune homme ; ou encore, la transformation (ou la révélation ?) du comportement des Hommes dans ce contexte. J’ai très envie de connaitre la suite et la fin de cette histoire. Soignée, la plume de Julie Muller Volb est plaisante à lire ; j'ai bien aimé ma lecture.

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