"Le pont qui saigne" de Thibaud Benoit

Genre : Roman, Thriller 

Résumé :
Octobre 2017, dans le Nord de la France.
Sous un pont, dans un petit village d’apparence tranquille, gît le cadavre d’une jeune femme nue couverte de blessures. Elle a été violée et égorgée. Un corps presque intact, jusqu’au passage du TGV...
Dans l’esprit torturé de l’assassin, une voix jaillit, née d’un ancien traumatisme. Une voix obsédante, exigeante, machiavélique. Pour la contenter, une seule solution : réitérer la sauvagerie.
La lieutenante Karine Doussy débarque dans le Nord, et dès son premier jour au commissariat, elle est mise sur l’affaire du « pont qui saigne ». Sous les ordres du commandant Basile Deloninck, flic austère et pointilleux, Karine tente de se faire une place et de ne pas être cataloguée comme la jeune débutante dépassée par les évènements. Mais l’enquête reste au point mort. Les choses se corsent quand un deuxième cadavre de femme est retrouvé sous le pont...
Et si cette affaire était liée à celle des noyés du canal de la Deûle à Lille ? Une enquête classée sans suite qui obsède Basile autant qu’elle intrigue Karine.

Extrait :
"- Regarde, papa... Là, sur la rambarde, c'est tout rouge. Ca goutte de partout. On dirait que le pont est en train de saigner!
Maureen s'approche alors de l'endroit avec la furieuse envie de se pencher pour voir ce qui se trame en dessous de la voie ferrée.
L'instant est bref, mais Maureen ne l'oubliera pas. [...]
C'est comme une série d'éclairs qui lui frappent la rétine.
Du sang.
Des cheveux blonds dont l'éclat est renforcé par les rayons du soleil.
Du sang.
Un visage parsemé de griffures comme si on avait voulu lui rajouter des sourires.
Du sang. [...]
Cette jambe qui forme un angle impossible avec le reste du corps."

Mon avis :
À peine arrivée dans le Nord, sa nouvelle affectation, la policière Karine Doussy doit enquêter aux côtés de son supérieur, Basile Deloninck, sur une affaire de meurtre peu commune. Pour la jeune femme, il s'agit d'un challenge, l'occasion de faire ses preuves ; tandis que pour Basile, de mauvais souvenirs remontent. Entre passé et présent, trouveront-ils le responsable des crimes ?

Dans ce roman, j'ai fait la connaissance des deux policiers chargés de trouver le tueur en série, mais j'ai aussi pu côtoyer l'assassin en découvrant ses pensées à plusieurs reprises. Karine a un caractère assez solitaire et strict ; elle s'affirme assez facilement, veut faire ses preuves. Minutieuse et patiente, elle décortique chaque détail, chaque indice pour être le plus efficace possible. Plus torturé et désorganisé, Basile est aussi moins pointilleux. Son enfance a été difficile et ce passé se rappelle régulièrement à lui, se mêlant parfois au travail. Quant au tueur, on ressent beaucoup de souffrances, un désordre mental certain, probablement bien dissimulé dans sa vie de tous les jours. Au fil des semaines, j'ai aussi rencontré le médecin légiste, Goddart ; Léon, le SDF ; ainsi que Thomas, le nouvel amoureux de la policière. Je me suis attaché à certains, mais j'ai aussi douté avec d'autres...

Entrainante, l'histoire du pont qui saigne est captivante dès le départ. La traque d'un tueur s'avère exaltant, notamment pour comprendre sa psychologie, ses motivations ; surtout qu'il nous nargue lorsqu'on lit des passages sur lui : va-t-il nous donner des éléments ? Dépitée, la police subit les découvertes macabres, sans grand résultat... et pour cause : Basile ne semble pas vraiment à fond. Ses pensées sont perturbées par d'autres meurtres commis des années plus tôt : Les noyés de la Deûle. Sinistre, l'affaire n'a jamais été résolu même s'il avait des pistes - qu'il n'a jamais creusées. Des raisons personnelles l'ont poussé à dissimuler des informations. Avec la présence de Karine, les choses changent : elle ne lâchera rien. Alors qu'ils s'accordent enfin et pensent toucher au but, de nouveaux rebondissements bousculent leurs certitudes. L'atmosphère devient alors oppressante, un sentiment d'urgence plane. La persévérance de Karine permettra de démêler ce sac de nœuds et d'y voir plus clair. Le dénouement répond aux questions.

Globalement, j'ai bien aimé cette histoire même si j'ai eu un peu de mal en entrer dedans au début. Le caractère spécial de Basile, ses problèmes liés à sa famille et au cold case m'ont un peu freinée. J'ai trouvé que l'évocation des noyés de la Deûle était trop fréquente et parasitait l'enquête au présent. Malgré quelques longueurs et des passages peu dynamiques, l'ensemble de l'histoire est plutôt haletante. J'ai aimé me plonger dans les investigations, essayer de comprendre les liens entre les victimes, les suspects... mais je n'ai pas été plus maline que l'auteur et je me suis fait surprendre à quelques reprises. Découpé en trois parties, le récit comporte du suspense et de l'action - surtout vers la fin. J'ai apprécié la complexité et les péripéties imprévues. Dans une ambiance glauque, la tension est palpable. Le soulagement est intense lorsque toutes les pièces du puzzle s'imbriquent et permettent enfin de saisir tous les tenants et aboutissants. La plume de Thibaud Benoit est plaisante à lire.

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Service Presse
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