Genre : Nouvelle, Science-fiction
Résumé :
Quand les hommes en fureur répandent leurs poubelles sur la ville et que toute la cité devient une montagne puante, les souverains du monde souterrain y voient un signe de dévotion. Après les avoir chassés pendant des siècles, les hommes dressent désormais des montagnes d’offrandes divinement infectes à leur seule gloire. Les rats maintenant le savent, ils ont été choisis, ils sont le peuple élu. Et l’un d’entre eux est sacré roi. Il est temps pour ces deux peuples de se réunir et de vivre en fin ensemble.
Extrait :
"Ce matin une odeur inhabituelle envahit ma chambre. Mes tempes cognent, ma bouche est sèche, le long de mon échine, des gouttes de sueur perlent. Tout mon corps est transporté par ce parfum. Qui a laissé entrer une flamme dans l’obscurité ? Quelque chose s’est infiltré durant la nuit, insidieusement, délicatement, délicieusement. D’ordinaire, je ne sens que l’humidité glaciale du vide. Mais aujourd’hui les senteurs d’un festin ont traversé les murs pour m’offrir le parfum du paradis perdu. Celui d’une cène."
Mon avis :
Alors qu'ils sont mal considérés depuis des siècles, les rats voient enfin un espoir d'être mieux traités. L'un d'entre eux constate que les Hommes leur ont donné des offrandes. Devenu Roi, le meneur tente de guider son peuple vers cette vie nouvelle, pleine d'optimisme... Mais le bonheur est de courte durée...
Originale, cette nouvelle se déroule dans les égouts, dans les déchets des hommes, dans la rue. Le Roi, émerveillé par tant de bonté, veut croire à un monde meilleur où les Hommes et eux cohabiteraient en paix. Naïf, le Roi est bienveillant et plein de bonne volonté. Mais cette lune de miel ne durera pas puisqu'il devra affronter la violence, la destruction et la mort.
Dans une ambiance pesante, j'ai été témoin des pensées (projets, ambition) mais j'ai aussi perçu les sentiments (colère, tristesse, peur, doute, joie) du Roi. Placé en sauveur, il se donne pour mission de maintenir l'équilibre et de construire une nouvelle ère avec les Hommes. Avec quelques références à la religion, j'ai pu suivre l'évolution des péripéties du Roi durant quelques jours. Pour lui, ce sera les montagnes russes ; il sera mis à mal. J'ai bien aimé la construction du récit, avec ses chapitres qui renforce l'impression de similarité avec les textes bibliques. Tel Dieu, il va subir des épreuves difficiles jusqu'à prendre une décision radicale.
L'auteur a imaginé cette histoire durant la grève des éboueurs à Paris. La ville, infestée de détritus et malodorante, attire d'autant plus les rongeurs. Réputés comme nuisibles, porteurs de maladies, ignorés, mal-aimés, les rats ne font pourtant que (sur)vivre. Quel être est finalement le pire ? Cette narration est plutôt touchante, je me suis même attachée au Roi, à sa candeur et à ce qu'il exprime : la reconnaissance (entre autres). À aucun moment, il n'a fait preuve d'agressivité contrairement aux Hommes. J'ai donc partagé avec lui des moments intenses en émotions et des questionnements sur la Vie. Inattendu, ce court texte est plaisant à lire ; la plume de Jeremy Niels Circus est entrainante.
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Service Presse