"Le serment" de Mélodie Miller

Résumé :
Les lieux les plus paisibles peuvent-ils abriter les secrets les plus sombres ?
Août 1830, Bruges, la petite Venise du Nord, ses canaux et son Béguinage. Marguerite et Louise, orphelines de 29 et 26 ans, vivent ensemble au Béguinage de la Vigne. Lorsque la cadette assiste, sans pouvoir intervenir, à un drame épouvantable, elle fait le serment de venger la victime, sa sœur aînée.
Août 2023, Paris. Marjorie, 29 ans, vient de frôler la mort. Éloïse, sa sœur, est sujette à des terreurs nocturnes. La rencontre avec une psychogénéalogiste bouleverse leurs certitudes. Pourquoi cette répétition de morts suspectes à l’approche de la trentaine ? De Paris à Bruges, le temps presse pour exorciser le passé avant les trente ans de Marjorie.
22 jours, c'est le temps dont Marjorie et Éloïse disposent pour résoudre l'énigme liée à leurs ancêtres. Passé ce délai, l'une mourra et l'autre deviendra folle. Peut-être...

Extrait :
"La dernière demeure de Marguerite Declerck, une simple pierre de granit, se dressait à l'opposé des fastueux caveaux familiaux. Un bouquet de fleurs des champs en ornait la terre encore fraîche, ainsi que ce texte brodé en lettre de sang sur un ruban blanc.
        Je te vengerai, j'en fais le serment.
La jeune femme se pencha sur la pierre, y dépose un baiser du bout des doigt, puis se releva en frissonnant. Elle réajusta son habit de béguine tout en balayant une larme de rage sur ses joues rougies par le froid. [...]
Lors du drame, Louise était là, elle avait tout vu. Sans pouvoir intervenir.
[...]
Au petit matin, les émeutes révolutionnaires s'étendirent à Bruges et bientôt, il n'y eut plus personne pour s'intéresser au sort de la pauvre Marguerite.
Personne... sauf Louise, sa sœur bien-aimée."

Mon avis :
1830. Louise est bouleversée par la mort de sa sœur Marguerite et se donne pour mission de la venger coûte que coûte.
2023. À l'aube de ses 30 ans, Marjorie se sent angoissée : les femmes de sa famille sont quasiment toutes mortes à cet âge, dont sa mère. Sa sœur, Éloïse, essaye de relativiser et de la rassurer, mais face à des évènements inquiétants qui s'enchainent, une course contre le temps semble lancée pour que Marjorie reste en vie.
Découvriront-elles les sombres secrets de leur lignée ?

Dans ce roman, j'ai découvert deux familles à presque 200 ans d'intervalle. En Belgique, en 1830, le quotidien de deux sœurs est rythmé par le Béguinage, leur lieu de vie atypique à l'époque, avec une révolution aux portes de leur ville. Tragiquement, Marguerite décède, laissant une sœur éplorée et pleine de rage. Leurs caractères opposés les rendent attachantes. À Paris, en 2023, Marguerite fêtera ses trente ans dans une poignée de jours. Stress d'une malédiction ou véritable présage, elle accumule des signes inquiétants d'accidents qui pourraient virer au drame. Peu ouverte au sujet qui touche ce sujet, Eloïse est pourtant véritablement préoccupée et ressent elle aussi des avertissements funestes. Touchantes, elle sont bienveillantes et font tout pour se protéger. On ressent un noyau familial soudé et attendrissant. J'ai aussi fait connaissance avec le collègue de Marjorie, Clément, pétillant jeune homme et gentleman sur les bords. C'est lui qui les oriente vers Gwenaëlle, sa cousine psychogénéalogiste. D'autres personnages viendront compléter les deux époques et enrichir l'histoire riche en émotions.

Entrainante, l'intrigue évoque un drame passé qui aurait des répercussions sur les générations suivantes. Un lien rattacherait Marjorie et Éloïse à un lointain passé : de quelle manière ? Et pourquoi ? Les destins tragiques des femmes de leur famille sont également en rapport avec les antécédents de leurs aïeules. Un sentiment d'urgence s'empare des jeunes femmes et de leur entourage. Grâce à Clément, elles vont trouver une aide précieuse avec la psychogénéalogiste. Dans une ambiance pesante, nos protagonistes vont parcourir des kilomètres et enquêter pour comprendre l'origine du mal qui les pourchasse. Dans le même temps, j'ai pu découvrir l'histoire en 1830, avant le décès de Marguerite. Le sablier s'égraine doucement, dangereusement, jusqu'à ce que passé et présent fusionne pour apporter des révélations qui seront libératrices. Le dénouement est plaisant avec l'épilogue qui ajoute une dernière touche de noirceur.

J'ai adoré ce roman qui m'a plongée dans le domaine de la psychogénéalogie. Cette psychanalyse permet de rechercher chez les ancêtres la source de problèmes actuels. Des secrets, des non-dits, des actes inachevés associés à de la violence et de forts sentiments peuvent expliquer cette transmission inconsciente. Les gênes auraient ainsi une mémoire. Passionnant, j'ai déjà retrouvé ce sujet dans d'autres romans, j'adore quand il est associé à du thriller. Dynamique, le récit est bien construit ; il alterne passé/présent ; comporte du suspense, des rebondissements. Dans une atmosphère tendue, j'ai été tenue en haleine du début à la fin. J'ai aussi retrouvé un panel d'émotions ; les personnages sont bouleversés tout au long de cette histoire rocambolesque. L'auteure décrit bien les lieux, l'univers et cela aide à s'imprégner encore plus. Agréable, la plume de Mélodie Miller est soignée, bien documentée (j'ai trouvé l'histoire des Béguines intéressante) et facile à lire.

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