"Une mémoire abîmée" de Soazig Leblanc

Résumé :
Victime de la page blanche et plongée dans une déprime grandissante, Perrine décide de s’éloigner un peu de la vie trépidante de la capitale, sur les conseils de son éditrice. Elle débarque alors à Belle-Île-en-Mer, en plein mois de novembre, avec son conjoint, Guillaume.
Pleine d’espoir, elle voit là l’occasion de prendre le large, de se détendre et de retrouver le plaisir simple de l’écriture. Mais la vie sur une île en basse saison n’est pas ce à quoi elle s’attendait et la tempête qui les coupe peu à peu du monde ne fait qu’accroître ce sentiment de malaise.
Entre crises d’angoisses et isolement forcé, Perrine s’enfonce progressivement dans un abîme glaçant. Sera-t-elle capable d’affronter la réalité qui se dissimule derrière ces souvenirs morcelés ?

Extrait :
"- Tu sais que tu ne peux pas continuer comme ça, ma Perrine. Je ne te parle pas en tant qu’éditrice, là, je te parle en tant qu’amie. Je te connais depuis dix ans et je ne t’ai jamais vue dans cet été.
- C’est pas à ce point, arrête…
- Sérieusement ? Tu t’es vue ? Je sais que tu vis mal cette absence d’inspiration, mais c’est pas comme si tu n’avais que ça à gérer. Tu n’es pas finie, ma belle, tu es juste à bout et c’est compréhensible.
Perrine se leva du canapé de son amie pour se diriger vers la fenêtre. Paris en automne avait toujours eu beaucoup de charme à ses yeux, néanmoins, elle ne voyait plus ce qui lui avait tant plu auparavant. Aujourd’hui, tout lui semblait déprimant et morose. Les couleurs étaient maussades, les arbres nus la rendaient mélancolique. Alors qu’elle avait toujours aimé déambuler dans les rues, observer ce qui l’entourait et épier les conversations des passants qu’elle croisait, elle craignait dorénavant de mettre un pied dehors. Tout semblait l’agresser, la menacer."

Mon avis :
Alors qu’elle n’arrive plus à écrire, Perrine accepte de s’éloigner de Paris avec son compagnon, pour prendre l’air sur Belle-Île-en-mer. Ce séjour est censé lui permettre de se ressourcer et – peut-être, de retrouver l’inspiration. Toutefois, et malgré l’accueil chaleureux des quelques habitants, Perrine ne cesse de voir tout en noir. Elle sombre jour après jour, oubliant même des morceaux de ses journées. Méfiante, elle imagine qu’on lui veut du mal : serait-ce le cas ?

Dans ce roman, j’ai fait la connaissance de Perrine, une romancière à succès qui rencontre le fameux problème de la page blanche. Depuis plusieurs mois, elle semble incapable d’écrire, pire encore, elle parait déprimée. Sybille, son éditrice et amie, lui suggère d’aller se mettre au vert pendant quelques semaines. Prêt à tout pour qu’elle aille mieux, son compagnon Guillaume accepte de la suivre. Inquiet, il espère que ce séjour sur l’île lui permettra de se sentir un peu mieux. Sur place, ils retrouvent Solenn et Tanguy, qui tiennent une librairie où elle a déjà dédicacé. Bienveillant, l’entourage de Perrine parait être au petit soin et font ce qu’ils peuvent pour l’aider à surmonter cette phase difficile. Les personnages, peu nombreux, ont tous une histoire touchante et sont attachants.

Malheureusement, dès son arrivée sur l’île, tout lui indique que ça n’ira pas mieux : leur maison de vacances est froide, sombre voire inhospitalière ; la météo se corse jusqu’à devenir une tempête comme il y en a rarement. Coupée du monde, elle ne peut joindre ni son amie, ni sa famille sur le continent. Dans une ambiance oppressante, Perrine étouffe ; elle fuit Guillaume qui l’agace avec des discours incohérents à ses yeux. Elle se pose des questions : ne serait-il pas à l’origine de ses trous noirs ? Où disparait-il pendant des heures ? Pourquoi semble-t-elle constamment en décalage ? Affolée, Perrine ne sait plus à qui se fier, elle fuit régulièrement la maison, empruntant les petites routes de l’île avec une vieille voiture. Elle se perd, se fait peur, relève des contradictions, se réveille dans son lit sans souvenir de ce qu'elle a fait, mais avec l'impression d'être épuisée ; des cauchemars peuplent ses nuits. Après plusieurs péripéties, Perrine se sent prête à confronter Guillaume… Le regrettera-t-elle ?

Perturbant, ce récit m’a entrainée dans les méandres de Perrine, cette jeune femme en pleine détresse psychologique. Comme elle, j’ai nagé en plein brouillard peinant à démêler le vrai du faux. J’ai été surprise et intriguée plus d’une fois par les événements qui se déroulent. Je ne savais plus si je devais croire Perrine, et la suivre dans sa paranoïa ou, comme elle, douter de Guillaume. Dans une atmosphère lugubre, l’angoisse est permanente ; j’ai ressenti les émotions de la jeune femme. Entre Perrine et son entourage, j’ai perçu un décalage, comme un fossé qui se creuse de plus en plus et dont l’issue semble dramatique. Le suspense est omniprésent, tout comme la sensation de suffoquer. Curieuse, j’attendais avec impatience le dénouement qui m’a satisfaite. Fluide, la plume de Soazig Leblanc est agréable à lire ; ses descriptions réalistes aident à se projeter dans le décor.

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