Résumé :
Qu’il y avait-il dans les mystérieux carnets d’Albert Duleu ? Une martingale pour gagner au loto ? Une recette de jouvence ? Des révélations sur des placements financiers douteux de son employeur ? Ou le prochain prix Goncourt ? C’est ce que le commandant Jérôme Bourruy est chargé de découvrir car Duleu est mort et les carnets ont disparu. Flic « à l’ancienne », macho et grande gueule, il porte sur le monde son regard désabusé et traîne avec cynisme ses cinquante ans et sa carcasse cabossée par les coups vicelards de la vie. Seule une autodérision et un humour potache lui permettent de se maintenir là où l’alcool a failli le perdre définitivement. D’une société financière ayant pignon sur rue à l’arrière-boutique d’un trafiquant ukrainien en remontant dans les archives des camps de concentrations, ce flic désinvolte, assisté d’un jeune lieutenant tout juste sorti de l’école de police, va s’employer à découvrir la vérité tout en évitant les tentations réconfortantes des boissons alcoolisées.
"Un modeste employé d’une compagnie d’assurances trucidé vendredi soir dans son pavillon de banlieue. Selon les premières constatations, un cambriolage qui a mal tourné. Pourquoi pas ?
Après tout, pourquoi je devrais me faire chier pour ce pauvre petit minable d’Albert Duleu tel que le décrit sa fille ? Oui, mon zigouillé du Plessis-Robinson s’appelle Albert Duleu. Soixante et un ans. Né à Châteaudun, Eure-et-Loir. Qui peut bien se soucier de savoir pourquoi il est mort, hein ?
[...]
On passe à autre chose. Un coup de tampon, une signature au bas d’un rapport qui va me prendre vingt
minutes et hop ! Affaire classée. Au suivant !
Ce serait tellement simple si je n’avais pas cette foutue démangeaison derrière le crâne. Tu sais, celle qui fait te gratter la nuque en te disant « Y’a quelque chose qui cloche. ». Je ne sais pas encore quoi, mais mon instinct me trompe rarement."
Mon avis :
Après un long arrêt de travail, le policier Jérôme Bourruy se voit confier une petite affaire pour se remettre dans le bain. Albert Duleu a été retrouvé mort à son domicile, a priori, un cambriolage qui a mal tourné. Le policier veut d'assurer que toutes les pistes ont bien été explorées avant de clôturer le dossier. Son instinct - et son côté borné - le pousse à chercher plus loin... A-t-il raison ?
Dans ce roman, j'ai fait la connaissance de Jérôme, la cinquantaine. Policier au fort caractère, avec un petit problème d'autorité et avec la boisson, il reprend du service. Malgré ces soucis, son travail a toujours été reconnu. Il a du flair et de la détermination ; son chef lui fait toutefois comprendre qu'il n'a pas le droit à l'erreur. Il fait équipe avec un petit nouveau, Vincent, jeune et dynamique, qui saura le galvaniser. J'ai pu découvrir la victime, Albert, un salarié de l'entreprise Goldstein finances où il a mené une petite carrière sans histoire, sans ambition. Écrivain dans l'âme, il n'a jamais été publié. Son collègue Georges le décrit comme farfelu mais pas méchant. Sa chef, Patrica Lorenti, assistante de l'héritière Goldstein, n'a pas plus d'informations à ajouter. Sa fille le fuyait presque ; il n'avait plus personne dans sa vie depuis son divorce. Quelques personnages semblent un peu mal à l'aise ; j'ai ressenti un certain trouble.
Mystérieuse, la mort d'Albert suscite l'intérêt car on sent qu'il ne s'agit pas d'un simple accident. Le lieu du crime observé par Jérôme, les premiers interrogatoires, mettent en évidence des incohérences ; des petites choses qui laissent penser que tout n'est pas clair. Un élément supplémentaire vient confirmer les doutes de Jérôme : la disparition de carnets dans lesquels Albert prenait des notes et qui semblaient obnubiler certaines personnes. En remontant cette piste, Jérôme va mettre en lumière des événements inattendus qui pourraient avoir des répercussions retentissantes. Dans une ambiance pesante, j'ai suivi avec intérêt cette enquête ; j'ai rapidement fait quelques suppositions qui se sont avérées en partie exactes. Quelques rebondissements ponctuent l'intrigue avant que le dénouement apparaissent. La conclusion de l'histoire est assez étonnante, je ne m'y attendais pas.
Globalement, j'ai bien aimé ce roman qui est raconté par Jérôme, le policier tourmenté. On a vraiment l'impression d'être à ses côtés, il y a ce langage un peu familier, sans filtre. Rythmé, le récit évoque essentiellement l'affaire de Duleu, mais on a aussi un aperçu du quotidien du policier. Il a vécu des périodes compliquées et reste encore fragile malgré une apparence rude et abrupte. Il est sur le fil et pourrait basculer à tout moment. J'ai senti que son travail lui permettait de le tenir ; il est passionné et a un flair qui ne le trompe pas. Concernant le contenu de l'enquête, j'ai bien aimé gratter et découvrir tous les tenants et aboutissants de l'affaire. J'aurais même aimé en savoir plus sur les origines, le sujet est sensible et intéressant. La plume de Gérard Linsolas est agréable à lire.
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