"Zéro sur vins" de Michel Bourdault

Résumé :
Patrick Ribeira a acquis le Mas des Boullestres, grand domaine viticole des Pyrénées-Orientales, en pleine crise Covid-19. Accompagné de deux actionnaires minoritaires et de son jeune fils Lucas, il débarque, tonitruant, avec ses certitudes et l'envie de vivre son rêve d'entrepreneur.
Un matin d'hiver, il est retrouvé inanimé, sur le bord d'une petite route de campagne, gisant dans sa voiture aux portes grandes ouvertes, l'abdomen couvert de sang.
Qu'a-t-il donc pu faire pour en arriver là ? Ce crime a-t-il un lien avec son activité professionnelle, ou avec sa vie privée ? Qui est l'auteur de cette horrible agression et quelles en seront les conséquences sur
l'avenir du domaine viticole ?

Extrait :
"La transaction eut donc lieu fin mars 2020, en plein confinement, ce qui faisait d'ailleurs la fierté de Patrick Ribeira, tous les documents officiels ayant pu être signés par vidéo-conférences et signatures électroniques certifiées, mais aussi parce qu'il était convaincu d'avoir fait l'affaire du siècle. Une nouvelle vie commençait donc pour Patrick, qui emmena dans cette aventure son fils Lucas, jeune diplômé au chômage d'une école de commerce au nom ronflant, qu'il suffit de payer bien cher pour que son enfant en sorte diplômé, et qui plus est, sans expérience. [...] 
De même, il convainquit un collègue de travail resté chez son ancien employeur, Robert Cazeaux, de participer à l'aventure en apportant quinze pourcents du capital, et en le rejoignant a Rineillas puisque ce dernier occupe un poste très autonome, compatible avec du « remote » (travail a distance, ou télétravail). Robert est un homme de type méridional, brun aux cheveux bouclés, toujours habillé de vêtements de marques dites de luxe, un peu clinquants et rarement de bon goût. Enfin, Albert Duriez, un cousin sexagénaire sans emploi, de silhouette rondouillarde, qui porte des lunettes en écaille et à la chevelure blanche dégarnie, a été prié par Patrick Ribeira de venir l'aider comme « consultant » grâce à des expériences commerciales opérationnelles. Cette « bande des quatre », comme la surnommèrent vite les salaries du Mas, se présenta donc au Mas des Boullestres un matin de printemps de l'année 2020, juste après le dernier confinement dû à la covid-19.
Ce rachat du Mas des Boullestres par Patrick Ribeira n'était pas le choix de l'équipe dirigeante en place. A commencer par François Fourquet, directeur général du Mas depuis 1991, entouré d'une équipe de cadres qu'il avait recrutés au fil des ans. [...] François Fourquet et son équipe avaient rapidement compris, dans la phase préparatoire au changement d'actionnariat, que Patrick Ribeira, accompagne de ses actionnaires minoritaires et de son fils Lucas, n'avaient aucune expérience ni approche stratégique en matière de vins, et étaient totalement déconnectés de la réalité de ce monde-là."

Mon avis :
Le mas des Boullestres est racheté par Patrick Ribiera, un homme qui s’avère vaniteux et hautain. Des anciens salariés, il n’en reste presque plus au fil des mois. La réputation de la marque est affectée par le comportement du nouveau gérant. Un beau jour, celui-ci est retrouvé inanimé dans sa voiture, poignardé. Qui pouvait lui en vouloir au point de commettre cet acte ?

Dans ce roman, j’ai fait la connaissance de François Fourquet qui cède son entreprise après des années à avoir mis tout son cœur à l’ouvrage. Le nouvel acquéreur, Patrick Ribiera, s’entoure de trois collaborateurs : son fils, Lucas ; un ancien collègue, Robert Cazeaux et son cousin, Albert Duriez. Ils vont gérer le personnel déjà présent qui va être dépité de la tournure que l’entreprise prend. Le nouvel entrepreneur est relativement antipathique : froid, strict, peu humain. Alors que d’autres personnages sont plus sensibles et touchants. Cela amène à des situations de tension et de souffrance.

Concernant l’intrigue, j’ai été un peu déçue car je m’attendais à un récit plus dynamique et palpitant. Or, celui-ci relate, tel un documentaire, le quotidien du mas depuis son rachat durant des mois. J’ai pu voir la déchéance de la marque, le changement de comportement, les dysfonctionnements. L’histoire était assez réaliste avec des profils de personnages que l’on peut rencontrer dans le monde de l’entreprise, mais elle ne m’a pas entrainée où je pensais. L’acte criminel ne survient qu’au deux-tiers du roman… et l’enquête qui suit est trop lisse, comme le reste. Même si le texte ne manque pas d’intérêt par la connaissance, il ne répond pas (pour moi) aux codes d’un roman à suspense ou policier. Le dénouement clôture tout de même toute l’histoire en répondant aux questions.

Au-delà de la déception concernant l’intrigue, j’ai eu du mal avec la forme du livre. En effet, la mise en page rend la lecture un peu difficile : écriture trop petite, trop condensée ; cela manque d’espace. Aussi, les dialogues ne sont pas mis en forme de manière classique (ouverture de guillemets puis tiret à chaque personnage), j’ai trouvé que cela alourdit davantage le texte. Concernant l’histoire, j’ai senti la connaissance de l’auteur : en communication, management, aussi dans le domaine viticole ; mais cela prend trop le pas sur l’intrigue qui manque cruellement de rythme. À mon sens, j’ai vraiment eu la sensation de lire une énumération de faits sur la gestion et le quotidien du mas, c’était assez poussif. En conclusion, il est intéressant pour des personnes qui souhaitent une lecture posée sur fond sombre du monde du travail. Il ne faut pas s’attendre à un polar ou une histoire à suspense.

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Service Presse
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