"Quai des affres" de P.J. Valeri

Résumé :
Le commissaire Chiarini est sur les dents : Gravier, le tueur qu’il a coffré dix ans auparavant pour le viol et le meurtre d’une jeune femme, sort de prison. Persuadé que le criminel va récidiver, il décide de le suivre et de tout faire pour éviter un nouveau drame. Chiarini est obnubilé par cette enquête. Il voudrait arrêter le temps, arriver avant l’irréversible, avant l’impardonnable. Gravier a purgé sa peine. Il est libre, mais sous haute surveillance. Il tente de se réinsérer, de lutter contre les préjugés, et surtout, contre ses pulsions. Saura-t-il saisir la seconde chance que lui offre la vie ? Et puis, au milieu de ce climat de tension, une jeune serveuse est retrouvée assassinée chez elle… Un duel sans merci s’engage entre le commissaire obsédé par la justice et le criminel en recherche de rédemption.

Extrait :
"Un énorme nuage noir s'est emparé du ciel parisien dans la nuit du dimanche et s'emploie à déverser des trombes d'eau depuis l'aube. La chaussée s'est transformée en caniveau géant, les trottoirs en patinoires. Les chaperons de ciments en traînées noirâtres sur les meulières. C'est la fin mars, un sale mois de printemps refoulé et de rincées à répétition.
Chiarini relève son col et se poste face au portail fraîchement repeint d'un bleu aussi justifié qu'une croisière en mer pour des repris de justice. Les mains dans les poches de sa veste en cuir, il contemple l'écusson tricolore RF, insensible à la saucée qui détrempe ses cheveux et aux gouttes qui s'infiltrent dans son dos.
[...]
Il regarde sa montre : 8 heures tapantes. Il doit sortir ! Les collègues de la pénitentiaire l'ont assuré d'une levée d'écrou avant l'heure habituelle."

Mon avis :
Policier investi, Louis Chiarini est dévasté par la mort de sa nièce dix ans plus tôt, assassinée par Gérard Gravier, un criminel qui fini de purger sa peine. En colère, Louis l'attend de pied ferme à la sortie de prison pour lui faire comprendre qu'il aura toujours un œil sur lui. Telle une obsession, le policier traque l'ancien détenu. Celui-ci donne l'apparence de vouloir se réinsérer. Mais alors qu'un crime est commis, les choses s'accélèrent... 

Dans ce roman, j'ai découvert Louis Chiarini, un policier intègre qui est meurtri depuis la mort d'Élodie, sa nièce adorée, froidement tuée alors qu'elle n'avait que 19 ans. Ses parents, Anne et Jean-Louis ne s'en sont jamais remis. Dévastés, ils doivent surmonter l'épreuve de la libération du tueur de leur enfant. Comment accepter qu'il déambule dans les rues alors que leur fille n'est plus ? Comment dépasser une telle souffrance ? De son côté, Gérard Gravier emménage chez sa soeur Charlène et débute un petit boulot. Il doit respecter les règles de sa conditionnelle : suivi judiciaire et médical. Pourra-t-il reprendre sa vie ? Est-il vraiment libérer de ses pulsions ? Les personnages sont assez entiers mais ambivalents. Je ne me suis pas vraiment attachée à l'un en particulier ; je les ai plutôt observés de loin, avec détachement, en proie à leurs tourments.

Poussive, l'intrigue s'étale sur plusieurs mois et relate le duel muet qui se joue entre Chiarini et Gravier. Le premier ne semble plus vivre que pour faire tomber le second. Tandis que l'autre essaye de maintenir une image d'un bon repenti. Dans une ambiance pesante, j'ai pu suivre à tour de rôle les deux hommes dans leur quotidien ; les voir évoluer. Entre obsession, résistance et pulsion, lequel cédera avant l'autre ? Cet affrontement imperceptible gagne en intensité au fil des événements, surtout quand le corps d'une jeune femme est retrouvée. Chiarini en est convaincu : c'est Gravier qui a recommencé ! Déterminé, il fait tout pour le coincer, même s'il doit y laisser sa peau. La traque se poursuit, lente ; elle parait sans issue, interminable. Après un acharnement sans répit, l'un d'eux en sortira satisfait... mais pas totalement indemne. Le dénouement s'étire en longueur et apporte autant de détails que le reste du récit.

Je ressors neutre de ma lecture : je n'ai pas adoré, pas détesté. Je pense que ce n'était pas pour moi. Ce policier met en scène deux protagonistes qui s'affrontent ; l'auteur décrit tout avec précision. Cela manque alors, à mon goût, de dynamisme. Ce qui est finalement compréhensible puisqu'il n'y a pas vraiment d'action, pas d'effusion. Il s'agit plutôt d'une chasse entre deux hommes : l'un traqué, l'autre gibier... mais les rôles peuvent aussi s'inverser à tout moment. Les deux hommes sont consciencieux, jusqu'à un certain point. J'ai eu cette impression du calme avant la tempête tout le long. Ce jeu m'a un peu lassée je dois dire, j'avais envie de quelque chose de plus punchy. J'ai apprécié le thème abordé en fil rouge : l'(in)action de la justice ; des forces de l'ordre (le jugement des victimes, de la population plus généralement) ; les risques de récidives et l'encadrement des criminels remis en liberté. C'est un sujet qui revient régulièrement. Riche, la plume de P.J. Valeri est agréable à lire avec les descriptions fournies qui permettent de bien visualiser et ressentir l'ensemble de l'histoire.

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Service Presse
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