"Passe, passe, passera" de Maïa Hoti

Résumé 
Bienvenue à Aube, en Normandie, chef-lieu du château de la comtesse de Ségur. Sauf que le quotidien de Sophie n'a rien de noble. Atteinte du syndrome de Noé, elle accueille dans sa modeste maison toujours plus d'animaux qu'elle peine à remettre sur pattes. Une situation devenue insupportable pour Quentin, avec qui elle partage sa vie depuis dix-sept ans. Alors qu'un point de non-retour semble atteint, un défi de taille s'impose pour le lieutenant Thibault Guérard, ami de longue date de Sophie, appelé en urgence pour apaiser les tensions. Y parviendra-t-il avant que la névrose ne prenne définitivement le contrôle ? Passe, ou passera pas ?

Extrait 
"Sa démarche restera incomprise. Sophie ne se séparera jamais de ces pauvres bêtes abandonnées, rejetées de tous. Tant qu’il y a de la place pour les accueillir, elle le fera. Une bien faible contribution dans un monde si égoïste.
Elle se souvient encore du premier hôte amaigri, à l’échine détrempée, il y a cinq ans de cela. Il portait un vieux collier avec un médaillon rayé, sur lequel son prénom était gravé : Sultan. Un signe. Comment aurait-elle pu lui claquer la porte au museau ? D’autant qu’en cette période, elle traversait une forte houle avec Quentin, qui eut pour conséquence l’incinération de son petit surnom. Sophie : elle n’était plus que ce prénom, dépourvu de toute affection."

Mon avis
Dans une maison délabrée, Sophie et Quentin vivent très chichement au milieu d'animaux récupérés pour les sauver. Pour Sophie, c'est un besoin impérieux d'aider ces animaux mais cela a instauré un climat conflictuel dans la maison et une qualité de vie très dégradée. Dans cette précarité, des rancœurs, des reproches... et peu de bonheur. Jusqu'où cette décadence malsaine ira-t-elle ?

Dans ce roman, j'ai fait la connaissance de Sophie et Quentin qui vivent donc entourés d'une multitudes d'animaux. Secrète, Sophie n'ébruite pas ses bonnes œuvres vu le manque d'argent pour s'en occuper correctement. Sale et malodorante, la maison baigne dans les poils, les plumes et grouille de saletés. Quentin est tiraillé entre l'amour qu'il porte à Sophie et l'envie de fuir pour tout recommencer ailleurs. Dans le déni, Sophie couve ses petits et éloigne les curieux quitte à se fâcher. Inquiet, le père de Sophie, Pépé René, contacte Thibaut. Il s'agit d'un lointain ami de Sophie, un policier, qui pourrait les aider. Car, en plus des animaux, Quentin consomme des substances fournies par son ami Rémi. Torturés, les personnages sont peu attachants, toutefois, j'ai été touchée par les pauvres animaux...

Du côté de l'intrigue, c'est très mitigé... un lente description d'un quotidien miteux qui donne la nausée tant on imagine bien l'hygiène déplorable de la maison et de ses habitants. Sans dynamisme, entre disputes et morts d'animaux, j'ai suivi les deux personnages, notamment quelques souvenirs de Quentin durant des années plus heureuses. Sombre, l'histoire est relativement malaisante et j'ai eu du mal à savoir où cela menait. J'ai failli décrocher à plusieurs reprises car il ne se passait vraiment rien à part cette relation nocive, sous emprise, de Sophie et Quentin qui souffrent de troubles (addiction, psychique). Dans cet espèce de huis-clos, Rémi vient voir son ami ; Thibaut  tente un rapprochement alors qu'un décès suspect survient dans les environs. Y-a-t-il un lien ? Lequel ? Les derniers chapitres apportent des révélations étonnantes et un final que je n'imaginais pas. Cela m'a plu et j'aurais voulu que ces explications soient plus développées. Ce court dénouement n'a malheureusement pas suffit à rattraper le reste du roman.

C'est donc un peu déçue que je sors de cette lecture. Après avoir saisi toutes les informations, j'ai réfléchit à tout ce qu'il s'était passé. Si l'atmosphère n'en est que plus sordide avec tous les éléments mis bout à bout et les descriptions réalistes, j'ai eu du mal à m'imprégner de l'intrigue. Poussif, le récit m'a montré le vie de Sophie et de Quentin, leurs désillusions, leurs méandres. Je me suis retrouvée dans une sorte de brouillard où les liens entre les personnages sont difficiles à saisir de part leur relation ambigüe, usée et usante. Je ne voyais pas vraiment le lien avec un thriller, pour moi, rien qui relève de cela. J'ai vu ce roman comme une tranche de vie pauvre avec un sursaut plus intéressant à la fin ; peut-être aurait-il fallu raccourcir la partie descriptive pour que le final soit plus valorisé. Toutefois, les révélations ne m'ont pas vraiment convaincue malgré les explications (motivation d'actes...). Sur la forme, j'ai aussi eu du mal, visuellement, avec les dialogues qui sont identifiés à l'aide de points et non pas de tirets. Malgré tout, il y a un potentiel, notamment dans la manière dont Maïa Hoti nous plonge dans l'ambiance ; j'ai ressenti la confusion et le malaise tout au long de ma lecture.

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Service Presse
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