Traduit par Anne-Sylvie Homassel
Genre : Roman, Historique, Suspense
Résumé :
Lorsqu'elle reçoit une lettre avec cinquante ans de retard, Meredith Burchill plonge dans un passé oublié. Elle se souvient de ce mois de septembre 1939 où elle a été évacuée de Londres et envoyée chez des aristocrates du Kent. Elle se souvient, mais ne veut pas en parler.
Décidée à en savoir davantage, Edith, sa fille, se rend dans le Kent, au château de Milderhurst, cette étrange demeure pleine de portes condamnées et de passages secrets…
" - Les derniers jours de Paris, journal d'un reporter, lut-elle en retournant le livre. […]
- Alexander Werth a tenu ce journal pendant la chute de Paris, l'an dernier. Je voulais te l'offrir parce qu'il montre à quel point il est important d'écrire ce dont on est témoin. Surtout en ce moment. Faute de quoi, les gens, les autres, ne sauront pas ce qui s'est passé. Tu comprends ce que je veux dire, Meredith ?
- Oui.
Elle lui jeta un regard à la dérobée et se rendit compte qu'il la dévisageait avec une telle intensité qu'elle en fut paralysée."
Mon avis :
En 1992, Edith (alias Edie) est intriguée par la réaction de sa mère alors qu'elle reçoit une lettre datant de cinquante ans. À la lecture des mots de sa correspondante, elle semble bouleversée, mais ne veut rien en dire à Edie. Simplement, elle lui explique que durant la Seconde Guerre Mondiale, elle a fait partie des enfants évacués de Londres et qu'elle a été recueillie par les Blythe, riche famille du Kent vivant dans un château. C'est l'une des filles Blythe qui lui avait adressé cette missive. Il n'en fallait pas plus à Edie pour y voir un mystère à éclaircir, d'autant plus que cette histoire l'amène à côtoyer la famille de son auteur fétiche.
Edie découvre que l'écrivain Raymond Blythe est l'homme qui a logé sa mère lors de la guerre. Biensûr, à cette époque, il était déjà un vieillard qui perdait la tête. Ce sont ses filles qui se sont occupées de Meredith durant un peu plus d'un an. Les aînés, des jumelles, Perséphone et Séraphina, avait alors déjà la quarantaine ; tandis que la plus jeune, Juniper, approchait des dix-huit ans. Meredith et elle se sont d'ailleurs rapidement liées d'amitié. Edie est impatiente de savoir ce que cache sa mère, mais aussi d'en apprendre plus sur le renommé Raymond Blythe et son ouvrage L'homme de boue qui l'a passionnée étant plus jeune et l'a conduit vers sa voie professionnelle. Edie, sensible et bienveillante, se rend compte que sa mère ne lui révèle pas tout et trouve le moyen d'obtenir des informations autrement que par elle. Ses découvertes vont lui faire vivre une aventure mémorable et raviver le passé.
Dans le même temps, nous découvrons le quotidien des sœurs Blythe entre 1939 et 1941. Dévouées à la demeure et à leur père malade, les aînées ne se sont jamais mariées et n'ont jamais quitté le domaine. Très vite, on s'aperçoit que leur vie durant la guerre, et même encore en 1992, n'est pas vraiment leur choix, mais plutôt un enchaînement d'événements qui ont conduit à ce qu'elles restent au château à jamais. Perséphone, au caractère strict, est la meneuse et la cheffe de famille en l'absence de leur père. Séraphina, plus discrète mais néanmoins ambitieuse, suit ses directives même si elles vont à l'encontre de sa volonté. Juniper, fragile jeune femme, a toujours été la plus excentrique et celle qui rêvait de liberté. Soudées, on devine pourtant que chacune d'entre elles gardent bien des secrets, les concernant personnellement, mais aussi leur famille plus globalement.
Dès les premières pages, j'ai été intriguée par Meredith et son vécu : qu'a-t-elle à cacher ? Qu'a-t-elle fait de si honteux ? Quels regrets camoufle-t-elle ?... mais aussi par Juniper, Perséphone et Séraphina : que s'est-il passé durant la guerre pour qu'elles finissent par se cloîtrer à jamais dans le château ? Pourquoi Juniper a-t-elle définitivement perdu l'esprit ? D'où vient son trouble ? Tout ramène Edie en 1939, 1940 et 1941 : que s'est-il joué de si dramatique ? J'ai pris beaucoup de plaisir à naviguer entre passé et présent, apprendre à connaitre chaque personnage profondément, cerner ses faiblesses et ses qualités. On s'attache à tous les protagonistes qui ont un vécu particulier et qui ont presque tous connus des drames. J'ai aimé enquêter aux côtés d'Edie et tenter de rassembler les pièces du puzzle, avant de découvrir un dénouement plaisant et répondant à toutes mes questions. Émouvante, cette histoire est très prenante et riches en informations, rebondissements. Grâce aux descriptions délicates et précises de l'auteure, on visualise bien les lieux et les personnes. Comme toujours, j'ai adoré la plume fluide et soignée de Kate Morton qui nous entraîne avec aisance dans ses romans.
Ma note : 5/5
De cette auteure, j'ai aussi lu : La prisonnière du temps, L'enfant du lac.
Intéressé. par ce livre ? Vous pouvez le trouver ici → https://amzn.to/2RJVUhb