"Human food" de Gab Stael

Genre : Roman, Thriller, Policier

Résumé :
Un redoutable tueur en série dépose ses œuvres à Nancy alors qu'au même moment, Ernest Frisch cherche à assouvir ses pulsions cannibales.
À la SRPJ, rien ne va plus. La brigade doit faire face à de sérieux ennuis !
Qui parviendra à stopper le mal qui terrifie toute la ville ?

Extrait :
"Il tranche des morceaux de viande saignante dans son assiette avant d'y piquer sa fourchette, les yeux exorbités. Du jus rouge et brûlant gicle dans la porcelaine. Il se lèche les babines à l'odeur du mets.
Ernest Frisch enfourne une première bouchée entre ses lèvres charnues et savoure. Il mastique lentement, c'est important pour la digestion, et puis, il compte bien profiter de cette sensation apaisante le plus longtemps possible. Le congélateur est vide !
Il va devoir repartir à la chasse avant que ses pulsions ne le reprennent. Avant que les hallucinations ne reviennent. Avant que les voix ne l'assaillent à nouveau. Car, lorsque le manque l'envahit, il perd complètement les pédales. S'il commet des erreurs, la viande abattue n'a pas ce parfum de perfection. La chair est dure et il faut la faire mijoter des heures pour l'attendrir. Il est obligé d'ajouter des épices et ça le désole !"

Mon avis :
Ernest Frisch, marginal, vit chichement à l'écart du monde. Il est en proie à des pulsions difficiles à réfréner. Dans le même temps, Burke et Barbara, policiers, se lancent sur une nouvelle affaire qui les entrainent sur les traces d'un tueur en série. Entre vie personnelle et professionnelle, il sera difficile pour tous deux d'être opérationnels. Leur chef nomme Minsk pour les épauler. Parviendront-ils au bout de leur mission ?

J'ai d'abord fait la connaissance d'Ernest, dans son antre, attablé et se régalant d'un bon bout de viande. Dès les premières lignes, je me suis sentie écœurée par le personnage tout autant que fascinée par lui. Je le vois comme un gros nounours, benêt, traumatisé par une enfance désastreuse : il a été négligé, ignoré, mis à l'écart. Ses troubles n'ont jamais vraiment été pris en charge. Presque sauvage, il lutte comme il peut pour (sur)vivre. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il est touchant, mais j'ai beaucoup aimé ce personnage torturé. Concernant les policiers, je n'ai pas ressenti le même attachement. Ils m'ont semblé plus agaçants, moins affirmés. Leurs déboires personnels ne m'ont pas aidés à les apprécier, au contraire.

Dans une sombre ambiance, j'étais prête à suivre le terrible Frisch et à découvrir le Désosseur. Ce dernier conserve le mystère de son identité presque jusqu'à la fin. J'ai ainsi pu faire des suppositions tout au long du récit. Toutefois, j'ai eu des moments d'amertume où mon intérêt est retombé comme un soufflé. Le déroulé de l'enquête n'est pas celui que j'imaginais : Ernest Frisch est passé au second plan par moment, tout comme le Désosseur, au profit de Burke concernant sa vie privée. En finissant le livre, je me suis dit que ça n'apportait pas vraiment de plus-value d'avoir autant développer ce passage. J'aurais aimé garder Frisch et le Désosseur dans un rôle central du début à la fin, plus particulièrement les immersions avec Frisch qui sont horriblement captivantes. Après des interludes superflus, j'ai été ravie de me replonger dans l'action et découvrir le dénouement.

Globalement, cette histoire est entrainante. L'idée de réunir deux psychopathes dangereux dans une même ville, qui se défient, s'affrontent, est une bonne idée. L'atmosphère est tendue, oppressante. J'ai ressenti un sentiment d'urgence. Pour ce qui est de la structure, je l'aurais donc vu différemment pour intensifier le rythme et ne laisser aucun temps mort. Selon moi, il y a des passages qui prennent trop de place, apportent parfois de la confusion et cassent la dynamique Frisch/Désosseur. J'ai toutefois retrouvé avec curiosité et plaisir la plume de Gab Stael.

Ma note : 3/5

De cette auteure, j'ai aussi lu : L'île aux poupées.

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