"Le long voyage" de Florent Perret

Résumé :
Henri ignore combien d’années se sont écoulées depuis qu’il a fermé les yeux, mais son réveil ne peut signifier qu’une chose : il existe un espoir. La planète qu’il a laissée derrière lui est à l’agonie, une Terre ravagée sur laquelle l’Homme achève son autodestruction. Tandis que le vaisseau dans lequel Henri est enfermé avec les autres colons traverse le vide glacé de l’espace, il s’autorise à nouveau à rêver.
Et si, sur ce nouveau monde, ils trouvaient exactement ce qu’ils étaient venus chercher ?

Extrait :
"Henri croqua dans la barre énergétique. Une infime partie de lui s’attendait toujours à ressentir cette saveur unique qu’il avait eu le privilège de connaître, alors qu’il n’était encore qu’un enfant. Son grand-père était parvenu à acquérir une banane par l’intermédiaire de l’un de ces hommes importants qu’il côtoyait régulièrement dans le cadre de ses activités. Henri se rappelait de sa famille, respectueusement attablée, contemplant l’étrange fruit incurvé ; de la peau jaunâtre tachetée de noir ; de la tension tandis que son grand-père dévoilait l’intérieur tendre; de la peau qui retombait paresseusement de chaque côté comme l’emballage d’un cadeau fraîchement déballé ; de l’odeur empreinte d’exotisme, une promesse silencieuse de voyage ; des trois bouts posés dans son assiette telles trois pièces de monnaie à l’inestimable valeur ; de son exclamation étouffée quand l’inconnu s’était enfin découvert quelque part entre sa langue et son palais. Les derniers bananiers avaient disparu quelques années plus tard."

Mon avis :
À bord d'un vaisseau, Henri se réveille après avoir été cryogénisé pendant quelques années, tout comme d'autres semblables. L'expédition est partie de la Terre, en ruine, devenue quasi inhabitable, en quête d'un autre lieu. 

Dans cette nouvelle, j'ai découvert Henri de Mormont émergeant d'un long sommeil. Il est encadré par une équipe médicale : le Dr Berkley et la psychologue Élisabeth. Henri fait connaissance avec quelques compatriotes expatriés comme lui... ou presque. Comme l'explique la commandante Mona Chambers, cette mission de colonisation était prévue avec des gens forts et utiles, tout le contraire d'Henri qui a acheté sa place. Les personnages sont peu nombreux et plutôt attachants.

Captivante, l'histoire se déroule donc dans l'espace et, dans l'attente de trouver une planète, Henri tisse un lien particulier avec Élisabeth, ils échangent sur la vie d'avant sur Terre : la vie à l'air libre, pur et agréable. Il évoque les changements, de plus en plus sombres, et le quotidien qui est devenu triste et pénible. L'ambiance est lourde, oppressante. Arrive le moment d'atterrir sur une planète : le suspense est grand : que vont-ils trouver ? Pourront-ils s'y installer ? Que deviendront les Hommes ? Le dénouement est ouvert, il laisse songeur et n'apporte pas réellement l'optimisme que l'on imagine.

Rapide à lire, ce récit m'a entrainée dans un futur assez lointain (dans les années 2200) et plutôt morose. J'ai pu imaginer, avec les souvenirs d'Henri, comment le monde a décliné progressivement et de quelle manière les Hommes ont tenté de s'adapter puis de survivre sur Terre. J'ai senti que ce voyage était la dernière chance de sauver l'espèce humaine. Mais une fois arrivée à la fin de ce périple, je me suis interrogée sur la pertinence de nous sauver. L'issue est malheureusement plausible et finalement désolante. Ce texte incite à la réflexion. J'ai passé un bon moment avec la plume de Florent Perret dans un univers différent de ce que j'avais lu précédemment. 

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De cet auteur, j'ai aussi lu : Contagion.

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