"Boire, déboires et vistemboire" de Francis Schull

Résumé :
Alors que Léopoldine Piquavoine, émule de Miss Marple, organise une dégustation à l’aveugle de riesling avec son cousin et concurrent américain George W. Hickok, ce dernier est victime d’un empoisonnement lors du dernier verre. C’est sur le chemin de l’hôpital que notre célèbre enquêtrice se souvient avoir échangé son verre par jeu, avec son rival. Par conséquent, c’est elle qui était visée par cet empoisonnement. Mais pourquoi ? Serait-ce parce qu’elle a démasqué une tentative d’escroquerie concernant la vente d’un faux globe in solido, la première mappemonde mentionnant l’Amérique ? Ce vistemboire en vaut-il la peine ? La vérité est beaucoup plus cruelle mais pour la découvrir, Léopoldine Piquavoine va devoir mener son enquête tambour battant guidée par la voix de la Sainte Vierge à qui elle s’adresse quotidiennement avec dévotion. 
Ne cherchez pas la définition de « vistemboire », vous ne le trouverez dans aucun dictionnaire. Jacques Perret en parle dans son livre « Le Machin » (Gallimard 1955) le définissant comme étant « un appareil à mesurer la connerie ».

Extrait :
"Le coup de gong annonçant la dégustation comparative résonna. En compagnie des quatre autres goûteurs, ils goûtèrent et crachèrent. Il regoûtèrent et recrachèrent. Ils prirent des notes qui furent collectées, analysées, synthétisées. Et alors qu'ils en avaient terminé avec les dégustations, et que l'on commençait déjà à proclamer les résultats, Whiskey Joe, alias le commodore, devint tout pâle et se mit à esquisser des gestes désordonnés. Léopoldine s'inquiéta :
- Dites donc, commodore, généralement, vous tenez mieux la bouteille. Eh, mais on dirait vraiment que ça ne va pas ?
[...]
Elle resta un instant interdite. C'est alors que ses petites cellules grises lui envoyèrent un message à décrypter d'urgence."

Mon avis :
Alors que le village de Léopoldine organise un concours de dégustation, son cousin éloigné d'Amérique récemment débarqué, présente des signes inquiétants d'empoisonnement. Une fois assurée qu'il est hors de danger, la détective en herbe réalise que le verre dans lequel le poison se trouvait lui était destiné. Qui pouvait bien lui en vouloir ? Une nouvelle enquête commence pour Léopoldine.

Dans ce roman, j'ai retrouvé le petit village d'Oberwihrheim, en Alsace, où vit Léopoldine Piquavoine. Postière de la commune et nouvellement élue du bourg, elle résout, durant son temps libre, quelques enquêtes quand l'occasion se présente. C'est comme cela qu'elle s'est liée d'amitié avec Schmitty, un gendarme local, un peu simplet mais pas méchant. Léopoldine a fait la connaissance de George W. Hickok, un cousin Américain venu découvrir ses origines françaises. Peu discrète, Léopoldine a toujours son caractère volubile et défend avec ferveur ses valeurs. Drôle et piquante, elle ne manque pas de répartie ni de détermination, ce qui lui joue parfois des tours. Le village foisonne d'autres personnages plus ou moins sympathiques qui viendront compléter l'histoire.

Dans cette nouvelle intrigue, Léopoldine organise un jumelage entre Oberwihrheim et la ville de son cousin aux USA. Au programme : inauguration d'un musée et dégustation de vin. À l'occasion de l'événement, le cousin se retrouve aux urgences à la place de la postière. Sans attendre, elle cherche qui pourrait lui en vouloir et pourquoi. Les pistes ne manquent pas : un mystérieux receleur de globe et de carte pour le musée ; des rancœurs dans le village ; le passé chargé de Léopoldine... Durant l'enquête, elle se retrouve en danger mais n'abandonne pas, car ce n'est pas les gendarmes qui pourront la sauver. Incompétents, ils ont un train de retard. Avec ses proches, elle creuse, cherche et finit par trouver des éléments qui la mettent sur la voie. Le dénouement est surprenant mais répond aux questions.

Ce polar humoristique m'a plongée au cœur de l'Alsace et, derrière sa légèreté, il apporte des informations intéressantes. Les personnages sont attachants pour la plupart ; la gendarmerie est très caricaturée. L'intrigue évoque plusieurs théories dont celle de l'Histoire et du recèle d'œuvres concernant le musée. Il n'est pas exclu que quelqu'un se venge d'une précédente enquête de Léopoldine. Entre suspense et réflexion, j'ai aimé suivre Léopoldine dans ses péripéties et ses méandres. L'enquête parait parfois un peu farfelue avec le globe : quel est le lien entre Léopoldine et ce globe ? Pourquoi en arriver là ? Je me suis plutôt attachée à l'ambiance du roman et à ses personnages haut en couleur. Le livre est bien construit avec des chapitres courts et un rythme entrainant. Le vocabulaire est très riche et fourni, avec des références, des descriptions réalistes qui permettent de s'imprégner davantage. Peu convaincue par les révélations qui tombent un peu comme un cheveu sur la soupe, j'ai globalement passé un bon moment avec ce nouvel opus de Francis Schull.

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De cet auteur, j'ai aussi lu : Meurtre aux petits oignons

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Service Presse