Résumé :
En pleine nuit, une jeune femme attend face au Panthéon, seule, un petit sac dans les bras qu'elle serre comme un étau. Cette femme, c'est Anna-Marie Caravelle, l'abominable, l'Affreuse Rouquine, la marginale.
Vingt-quatre ans plus tôt, Anna-Marie, fille d'un suicidé et d'une folle à lier, a été prise en charge en secret, à l'insu du reste du monde, par la vieille Monique Bonneuil, qui ne s'imaginait pas qu'elle abritait un monstre sous son toit. Un monstre que, lentement, elle a fabriqué. Car la petite fille, poussée par ses démons, hantée par son histoire, incapable de distance, se met à tuer. Tuer, sacrifier pour régler ses comptes, tout simplement.
Mais que fait-elle là, Anna-Marie, désormais jeune femme, agenouillée en plein Paris au milieu de la nuit ? Et que contient ce mystérieux sac qu'elle serre dans ses bras ?
Extrait :
"Je m'appelle Anna-Marie Caravelle et je suis une marginale. Sans existence officielle, sans identité véritable, sans rien. Tous ceux qui auraient pu témoigner de ce que je suis ou de ce que je fus ne sont plus. La faute à pas de chance. Je suis une paria comme il en existe des milliers d'autres, et je suis seule, depuis le début ou presque. J'ai fait des choix contestables, mais jamais contestés. Alors j'ai continué. Je vais vous paraître effrayante. Pourtant, je ne suis pas monstrueuse. Disons que je me suis construite à l'envers, en réaction contre tout. Tout juste si je parviens à me trouver quelques circonstances atténuantes. Si je vous raconte tout ça aujourd'hui, c'est seulement pour me dédouaner un peu et parce que je sens bien que, si je reste avec ces mots sur le cœur, ils finiront par me le manger. Je balance tout mon être dans ces pages et laisse juge qui voudra."
Mon avis :
Anna-Marie, 24 ans, fait face à un monument Parisien en pleine nuit, avec un sac. Pensive, elle reste plantée là et repense à ces années écoulées, à son parcours... Elle a besoin de se livrer. C'est ainsi qu'elle raconte sa naissance, son enfance, son adolescence, les personnes qu'elle a croisées, et ce qui l'a finalement conduit ici, ce soir. Qui est donc cette jeune femme aux airs sauvages ? Où va-t-elle ? Qu'y a-t-il dans son sac ?
Dans ce roman, nous revivons le parcours atypique d'Anna-Marie Caravelle. Dans le petit immeuble où vivaient ses parents, son avenir s'est joué avant même sa naissance : son père s'est tué et sa mère, choquée, en est devenue mutique et absente. C'est Monique Bonneuil, la voisine, qui découvre la pauvre femme et la prend sous son aile. À la naissance du bébé, Monique décide de le garder, sans la mère. Mais cet enfant, Anna-Marie, n'est enregistrée nul part. Elle reste dix ans cloîtrée dans l'appartement avec Monique avant de sortir dans la rue et de découvrir le monde. Après une furtive et désastreuse rencontre avec sa vraie mère, Anna-Marie bascule imperceptiblement dans la folie... Un jour, elle fini par quitter Monique et leur huis-clos sordide. Dans la rue, elle fait la connaissance de Camille, un SDF avec qui elle restera plusieurs années…
Ce livre nous plonge dans les méandres d'Anna, marginale dès sa naissance, invisible aux yeux du monde, seule malgré Monique, puis Camille. Son éducation particulière lui cause des troubles psychologiques qui conduisent à des drames. Cette vie de reclus est malsaine et angoissante. L'ambiance est glauque du début à la fin. Tels des spectateurs, on visionne ce qu'a été le quotidien d'Anna. Je n'ai pas réussi à m'attacher à elle, ni à Monique. Camille est peut-être la seule personne qui semblait bienveillante. On sait dès les premières pages qu'il n'y aura pas de fin heureuse pour Anna, et on fait des suppositions terrifiantes sur le contenu de son sac… Tragique, le dénouement confirme nos craintes.
Comme un témoignage, le récit nous entraîne dans les noirceurs et la folie de l'âme d'Anna. Une fille mal née, qui a manqué de chance. Des mauvais choix sont à l'origine des troubles de la jeune femme : comment aurait-elle pu faire mieux dans les circonstances de sa naissance ? De son enfance ? Personne ne lui a finalement donné la chance d'aller mieux, de faire mieux. Alors, sans les codes de notre société, elle a juste tenté de (sur)vivre sans savoir qu'un mal psychologique lui grignote aussi le cerveau... Elle est une enfant sauvage qui s'est adaptée à sa façon. Solène Bakowski décrit avec brio l'esprit torturé d'Anna-Marie, on ressent bien ses émotions. La plume de l'auteure est agréable à lire.
Ma note : 3,5/5
De cette auteure, j'ai aussi lu : Une bonne intention, Avec elle.
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