"Comme une image" de Magali Collet

Genre : Roman, Thriller

Résumé :
Lalie a 9 ans, un teint de pêche et des joues roses. Elle a aussi deux frères et des chatons, une belle-mère et deux maisons. C'est une enfant intelligente et vive, une grande soeur attentionnée et une amie fidèle. C'est la petite fille que chacun aimerait avoir. D'ailleurs, tout le monde aime Lalie. Tout le monde doit aimer Lalie. C'est une évidence. Il le faut.

Extrait :
"J'aime regarder les photos de papa et maman quand ils étaient jeunes... celles de leur mariage ou celles de ma naissance. J'aime aussi me voir bébé, avec des couches et les joues toutes roses. Tout le monde dit que je suis jolie, alors, je sais que je le suis. C'est un peu comme le soleil. Il se lève chaque jour et c'est normal, eh bien moi, c'est pareil. Je ne me pose pas la question. Je suis jolie. [...]
Je m'appelle Lalie et j'ai bientôt 10 ans. En fait, je m'appelle Eulalie, mais personne n'utilise ce prénom comme ça, sauf mes parents, quand je fais une bêtise. [...]
J'ai toujours eu l'impression d'être en décalage par rapport aux enfants de mon âge. Je les trouve si... enfantins ! C'est le mot. Il m'arrive de penser que je suis bien plus vieille qu'eux. Je réfléchis beaucoup, trop sans doute."

Mon avis :
L'équilibre de la famille d'Eulalie est ébranlé depuis plusieurs mois : son père a refait sa vie avec une autre et sa mère ne tourne pas la page. Témoin de cette souffrance, la jeune Lalie ne sait comment gérer les émotions qui la tourmentent ni les réflexions qui lui soufflent des choses... des vilaines choses...

Dans ce roman, j'ai donc fait la connaissance de l'adorable Eulalie. Soignée, la fillette dénote parmi les enfants de son âge : ses vêtements, sa coiffure, son vocabulaire ; elle a une intelligence supérieure mais n'a jamais été diagnostiquée puisqu'elle cache ses facilités. Maline, elle perçoit le monde de manière bien trop mature pour son âge. Plus inquiétant encore, elle adapte ses réactions et son comportement en fonction des interlocuteurs ; évalue les conséquences avant de répondre. Cela pourrait être inoffensif si ses pensées n'étaient pas de plus en plus noires. Accaparée par sa haine, Carmen, la mère, ne remarque rien ; ni son père, Julien, qui vit avec sa nouvelle compagne à plusieurs centaines de kilomètres.

Quelques mois après la séparation de ses parents et l'arrivée de ses frères, le quotidien d'Eulalie continue à changer imperceptiblement. Un grain de sable enraye la machine bien huilée des petites habitudes de la fillette. Tant à l'école qu'à la maison, elle se prête à des activités bien à elle : contrôle de soi (et des autres), expériences, projets... Elle a une imagination débordante mais un fond plutôt malveillant... voir diabolique. Tout doit tourner autour d'elle : elle doit être remarquée, parfaite. Personne ne doit faire obstacle à sa relation avec ses parents. Dans une ambiance pesante, des événements inquiétants, voire tragiques, surviennent. Un lien se dessine entre eux, et ce lien, c'est la fillette... Un hasard ? Peut-être... Alors que l'agitation gagne l'entourage d'Eulalie, on peut craindre le pire. Angoissant, le dénouement arrive ; il conclu bien l'histoire. J'ai aimé ce final qui laisse songeur.

Entrainée dès les premières pages, j'ai eu du mal à lâcher ce thriller. J'ai été à la fois effarée, écœurée mais captivée : j'étais curieuse de savoir ce qui allait se passer. L'atmosphère est glaçante, glauque. Rythmé, le récit est raconté principalement à la troisième personne, mais j'ai aussi eu le point de vue d'Eulalie à plusieurs reprises. Le lecteur connait quasiment toutes les intentions de la fillette. Le suspense réside dans le quasiment. En effet, même en ayant l'évidence sous les yeux, j'avais toujours un petit doute sur ce que j'imaginais. Malheureusement, mes soupçons se sont presque tous révélés exacts. L'histoire m'a un peu fait penser au film Esther, mais aussi à la série La femme qui habitait en face de la fille à la fenêtre ou encore à l'épisode Poupée russe de Profilage. Leur point commun ? Un personnage sadique, profondément mauvais... et jeune ! Ce roman est dans la lignée des autres de Magali Collet : sombre, perturbant mais prenant. Le style est toujours aussi palpitant et incisif.

Ma note : 5/5

De cette auteure, j'ai aussi lu : La cave aux poupées, Les yeux d'Iris.

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Service Presse