"Tuez-moi mais ne me haïssez pas" de Yolande Eyged

Genre : Roman, Thriller

Résumé :
« On doit bien mourir de quelque chose ! »
La phrase gâchette, celle qui brise les dernières amarres qui vous relient à la réalité.
Comment bascule-t-on dans la folie meurtrière ? L’inné ? L’acquis ?
Une vieille dame impassible attend, dans une salle d’interrogatoire au commissariat central de Nice.
Elle est accusée des pires méfaits, une série d’amputations visant invariablement tous les mois un trentenaire.
La scène de crime révèle pour certaines victimes, des agissements particulièrement glauques, cachés à la face du monde, et mis en lumière par la tueuse en série.
Rituel satanique ? Œuvre d’une déséquilibrée ?
Il faut tout le flair du Capitaine Grégory Lopez et de sa patronne la Commissaire Yasmina Avataria, pour comprendre que cette charmante vieille dame poursuit une problématique précise.
Le voile se lève sur la noirceur des âmes.

Extrait :
"Dans cette pièce dépouillée, baignée de pénombre, Adélaïde, impassible à son propre sort, attend. Des yeux attentifs l’observent derrière une vitre sans tain. Les pensées des enquêteurs s’enchevêtrent. Le calme imprègne ses traits. S’ils savaient ce que révèle le rictus sur ses lèvres défraîchies. Le sentiment du travail bien fait. Rien ne l’atteint, personne ne l’attend. Elle se sent observée, elle éprouverait presque de la compassion pour ces pantins qui questionnent, qui répètent leur inlassable rengaine.
Bientôt, les experts se chargeront de son profil psychiatrique."

Mon avis :
Dans une salle d’interrogatoire, scrutée comme un animal en cage : Adélaïde, 68 ans. La femme est accusée d’une dizaine de meurtres. Insaisissable, fascinante, elle est un mystère pour tous : enquêteurs, psychiatres ; elle est une aubaine pour les médias. À l’issue de sa garde à vue, qu’en sera-t-il ? Aura-t-elle expliquer ses actes ?

J’ai fait la connaissance d’Adélaïde alors qu’elle se trouve déjà en garde à vue. La retraitée, d’origine anglaise, semble très correcte : bien apprêtée, distinguée. Cela contraste avec ce qu’on lui reproche : avoir tuer douze personnes durant l’année écoulée. Pire encore, elle parait s’être appliquée, délectée de ses victimes en les torturant avant de les tuer. Adélaïde montre un visage serein, calme et surtout, elle garde un silence dérangeant. La personnalité de la femme est complexe et on se languit d’en apprendre plus sur elle, de comprendre son fonctionnement. Autour d’elle gravitent des professionnels qui sont intervenus (les policiers notamment) mais ne sont pas vraiment au centre de l’histoire. Bizarrement, on s’attache à Adélaïde ; j’ai pu ressentir des émotions diverses allant du profond dégoût à la compassion.

Pesante, l'ambiance de cette intrigue est très particulière. J’ai été plongée aux côtés d’Adélaïde que ce soit en garde à vue, ou durant des périodes passées (enfance ou événements plus récents). Ses crimes abominables sont étonnants et incompréhensibles. Son attitude fermée met mal à l’aise : je me sentais parfois oppressée. J’avais l’impression qu’elle attendait qu’on décide ce qu’on allait faire d’elle, qu’elle ne voulait pas évoquer les faits – qu’elle ne renie pas. Déjà jugée coupable, apaisée par son parcours sanglant, elle guette les autres s’agiter autour d’elle. Son air hautain agace, elle reste de marbre. Les différents allers-retours dans son histoire permettent de comprendre lentement l’engrenage dans lequel elle s’est laissé entrainer. Des révélations arrivent au compte-goutte, ménageant le suspense jusqu’au dénouement.

Globalement, j’ai bien aimé ce roman particulier. Il est construit d’une manière assez originale puisque, s’il y a crime, il n’y a pas d’enquête. La coupable est déjà arrêtée et il n’y a pas de doute concernant sa culpabilité. Seul le mobile reste une énigme et pour le comprendre, il faut bien saisir la personnalité d’Adélaïde. Mais pour cela, il faut être sûr de pouvoir dissocier la réalité de la manipulation : a-t-elle bien toutes ses facultés ? Comme les policiers, j’ai été beaucoup dans le flou, la confusion. Diabolique ou victime incomprise, Adélaïde suscitera des sentiments et de vives réactions. J’ai vraiment apprécié cette plongée dans les méandres de cette femme ; saisir tous les aspects de son caractère. Intéressant, le récit a un point de vue qui navigue comme un flot de pensées. Les chapitres me paraissaient un peu longs ; par contre, j’ai aimé les phrases courtes et incisives. J’ai passé un bon moment avec ce livre ; la plume de Yolande Egyed est plaisante.

Ma note : 4/5

De cette auteure, j'ai aussi lu : Dissection à l'anglaise, Si j'avais droit à un vœu. 

Intéressé.e par ce livre ? Vous pouvez le trouver ici → https://amzn.to/3TvxzcL

Service Presse