Résumé
Marla accepte une invitation à une réunion d'anciens élèves dans les Alpes, mais l'hôtel est désert à son arrivée. Des souvenirs d'une attaque passée refont alors surface, elle entend un sifflement inquiétant dans l'obscurité... Un week-end qui va virer au cauchemar. Des scènes dignes des meilleurs films fantastiques et un final oppressant !
Malheur à qui reçoit l'invitation. Malheur à qui l'accepte...
Depuis des années, Marla Lindberg suit une psychothérapie. Atteinte de prosopagnosie – cette incapacité à reconnaître les visages –, elle a appris que son cerveau lui jouait des tours dans les situations extrêmes...
Lorsqu'elle reçoit une invitation pour participer à une réunion d'anciens élèves dans les Alpes, Marla l'accepte. Mais quand elle arrive sur place, au milieu des montagnes enneigées, le Chalet des Brumes est désert.
Et puis elle l'entend à nouveau, cette toux sifflante... Elle l'entraperçoit encore, cette silhouette menaçante qui va fondre sur elle... Mais sont-elles seulement réelles ?
Extrait
"Une lame reluisit dans la main du pingouin, et elle se demanda d'où le couteau avait si soudainement surgi.
- Savais-tu que le rouge est la seule couleur qui symbolise à la fois la vie, l'amour et la mort ? demanda-t-il.
Puis il frappa. Une fois. Deux fois. En pénétrant, la lame fit le bruit d'une orange épluchée qu'on écraserait à mains nues. Quelque chose sembla se briser à l'intérieur d'elle-même, comme lorsqu'un verre lourd éclate sur un sol dur. Elle le sentit plus qu'elle ne l'entendit, poussa un hurlement strident, et crut qu'il l'aspergeait avec un pistolet à eau. Elle cligna des paupières, détourna la tête, se passa machinalement la main sur les yeux, puis vit tout à travers un voile rouge.
Soudain, elle eut la nausée.
Une nausée provoquée par le goût du sang. Il dégoulinait par-dessus ses sourcils et jusque dans sa bouche, ouverte en un cri gargouillant.
- Non, s'il vous plaît, non !
C'était déjà trop tard. Le pingouin avait tranché la carotide. Elle l'entendit encore râler :
- Je suis désolé, Marla, je n'ai pas le choix.
Puis elle n'entendit plus rien. C'était fini."
Mon avis
Jeune femme déjà éprouvée par la vie, Marla vit recluse et chichement depuis les événements tragiques qu'elle a vécu. Une invitation lui propose de rejoindre les camarades de sa promo de bac pour un week-end de retrouvailles. Sur les conseils de son psy, elle se décide à participer, non sans une certaine appréhension. Sur place, le chalet est vide, isolé et une tempête de neige se prépare. Confronté à son passé, Marla peine à comprendre ce qu'il se passe, d'autant qu'elle a un handicap de taille, sa prosopagnosie... Face à des visages, des reproches, des situations difficiles, parviendra-elle à démêler le vrai du faux ?
Dans ce roman, j'ai fait la connaissance de Marla, pas encore la trentaine, qui a dû faire face au suicide de son père alors qu'elle était adolescence. La violence de ce geste, à la veille de ses 14 ans, est d'autant plus dur quand on connait le motif qu'il a mis en avant pour justifier son geste. Avec son bac en poche, Marla, toujours fragile, est victime d'un accident qui la marquera à vie et lui laissera de nouvelles séquelles. Accompagnée par le Dr Jungbluth, elle essaye de faire face au mieux. Mais sa famille est éclatée : sa mère lui reproche silencieusement l'acte de son époux ; son frère Leven a sombré dans la drogue ; sa grand-mère Margot est atteinte de sénilité. Elle a coupé les ponts avec ses amis d'école qu'elle va donc revoir à l'occasion des retrouvailles : Paulina, Killian, Grete, Amadeus, Simon, Cora et Rebekka... que sont-ils devenus ? Sera-t-elle encore le vilain petit canard ? Suite à une expérience professionnelle, Marla peut compter sur Kristin, même si leur relation n'est pas simple. Difficile à saisir, les personnages sont parfois touchants, parfois détestables... quand on arrive à se faire une opinion.
Entrainante, mais étrange, l'intrigue démarre avec plusieurs morceaux de la vie de Marla : le décès de son père, l'accident qui lui a coûté son insouciance, son expérience comme consultante pour la police... et puis le présent. Alors qu'elle est une simple femme de ménage, elle est rattrapée par son passé : Kristin d'un côté qui la sollicite sur une affaire ; ses amis de l'autre qui lui font espérer de retrouver un peu de normalité. Fragile, tourmentée, la jeune femme se retrouve à nouveau mise à mal, comme si l'ombre qui ne la quittait jamais, se matérialisait. Les rebondissements ne manquent pas. Prise dans un tourbillon, elle a beau se raisonner, se répéter que sa santé mentale est responsable de certaines réactions, elle n'invente pas ce qu'il se passe avec le groupe d'amis dans ce chalet loin de tout. Dans une ambiance oppressante, j'ai été à la fois désarçonnée tout autant que captivée par l'histoire. Sans pouvoir déterminer si j'aimais ou non, j'ai été curieuse de découvrir tout le dénouement. J'ai été surprise par certaines révélations qui m'ont paru extrêmes mais satisfaite par d'autres éléments.
Je ressors donc de cette lecture un peu déstabilisée : j'ai apprécié certains aspects, un peu moins d'autres choses qui me semblent tiré par les cheveux. Peut-être le scénario était un peu trop élaboré, détaillé parfois. Mais les informations permettent aussi d'installer le lecteur dans cette impression de flou et de faire des hypothèses. J'ai trouvé intéressant la mise en avant du handicap de Marla, la prosopagnosie qui est “un trouble de la reconnaissance des visages, distinct de la prosopamnésie. C'est une agnosie visuelle spécifique rendant difficile ou impossible l'identification des visages humains.”(source). Sans surprise, ce dysfonctionnement peut avoir un impact négatif pour Marla dans bien des situations, mais il est compensé par d'autres sens plus développé que la moyenne. Globalement, l'intrigue est bien construite même si les premiers chapitres sont difficiles à relier, on comprend tout lors du final qui répond bien à toutes les questions. Avec du recul, je garde un bon sentiment vis-à-vis de cette lecture même si ce n'est pas un coup de coeur. Je trouve que le récit comporte du suspense et du rythme. Dans une atmosphère lourde, l'intrigue est insidieuse. J'ai pu faire des suppositions tout en me sentant dans l'esprit vaporeux de Marla. Plaisante, la plume de Sebastian Fitzek est haletante.
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