"Règne" d'Arnaud Codeville

Genre : Roman, Dystopie

Résumé :
Quinze ans après l’Effondrement, l’humanité agonise dans un monde dévasté. La nature, devenue hostile, a repris ses droits.
Une petite communauté de survivants installée dans le sud-ouest de la France tente de se reconstruire sur les vestiges de la civilisation. Mais le manque de ressources, sans compter les menaces extérieures, mettent en péril leur existence.
Le moindre relâchement pourrait bien venir anéantir cet équilibre précaire...

Extrait :
"Trois mois auparavant, une terrible nouvelle avait secoué le monde entier. Le sarcophage de la centrale nucléaire de Tchernobyl avait finalement cédé, et ce malgré le nouveau dôme de protection mis en place en 2016. Selon les rapports d’experts, en quelques minutes, des tonnes et des tonnes d’éléments radioactifs avaient été relâchées dans l’atmosphère. Les vents dominants avaient, d’après les informations, charrié un immense nuage hautement radioactif dans toute l’Europe. […]
En quelques jours, son quartier avait été bouclé comme tant d’autres en France. Jour et nuit résonnaient les rangers des soldats, il ne l’éloignait de ce vacarme que pour écouter les nouvelles sporadiques données par l’État et lire les rumeurs hallucinantes qui envenimaient les réseaux sociaux. Peu avant que tout moyen de communication ait cessé d’émettre, des coups de feu, et même parfois des tirs d’artillerie et bombardements avaient fusé à proximité de chez lui au milieu de hurlements. Puis le silence s’était installé.
Un long et terrible silence."

Mon avis :
Quinze ans après de terribles événements qui ont conduit à l’effondrement du monde tel que nous le connaissons, Thomas et quelques survivants tentent de rejoindre une autre communauté pour mutualiser les ressources et leurs forces. Le chemin sera semé d’embûches car la nature est désormais peuplée de monstres redoutables, effrayants et dangereux…

Dans ce roman, j’ai fait la connaissance de Thomas lors des premiers mois post-catastrophe puis je l’ai retrouvé quinze ans plus tard. Parti de sa maison, il vit désormais dans une petite communauté retranchée dans une enclave. Parmi les autres survivants, il est plus particulièrement proche de Jean-Sébastien (le chef du camp), Marion, Joris, Frédérick. Thomas participe à la sécurité du camp, ainsi qu’à la recherche de vivre. Il part régulièrement en mission avec Frédérick. En route, il croisera d’autres survivants plus ou moins hostiles. Les personnages sont ambivalents et n’ont parfois plus beaucoup d’humanité. J'ai aimé découvrir l'évolution de l'Homme, voir comment chacun se comporte, s'adapte en fonction des situations, au travers de ces quelques personnes. 

Dans une ambiance sinistre et inquiétante, j’ai pu suivre avec intérêt le périple de Thomas durant quelques jours. J’ai pu imaginer la vie entre l’effondrement et le moment présent dans le camp ; la résilience dont il a fait preuve, ainsi que tous les survivants. Des « parasites » peuplent désormais le territoire : ce sont des prédateurs surprenants avec lesquels il est difficile de cohabiter ; la méfiance est de mise. Les combats, féroces, sont réguliers et implacables. En outre, le monde garde des séquelles de l’effondrement : la vie est précaire, le quotidien sombre, sans issue pour ceux qui ont connu « l’avant » ; j'ai pu voir toute la détresse et la fragilité des survivants. Happée dans cet univers sordide et impitoyable, j’ai découvert au fil des rebondissements, comment les gens se sont accommodés. J’étais curieuse de savoir comment l’aventure allait se terminer pour Thomas, mais aussi pour ses amis et plus généralement, le monde. Le dénouement clôture bien l’histoire, mais j’aurais aimé un épilogue plus précis sur le devenir de chacun dans le futur.

Dans ce roman dystopique, j’ai retrouvé l’ambiance « fin du monde » d’autres romans du même type (Le dernier souffle -T1 de Mélanie Desforges ; La route de Cormac McCarty; Collapso d'Anna-Victoria Val ; Human Lenses de Yannick Mila, L'œil du chaos de J-M Dhainaut...) mais avec un scénario original (pas de zombies ici) sur les complications (c'est un euphémisme...) suite à la fin du monde. J’affectionne toujours le côté où l’on part de la vie pragmatique, telle qu’on la vit aujourd’hui, pour être projeté dans un monde en destruction. Angoissante, l’atmosphère est oppressante ; la tension palpable et le suspense omniprésent. J’ai ressenti les émotions – essentiellement négatives (peur, colère, tristesse) – des personnages et j’ai été plongée dans toute cette noirceur. Entrainée, j’ai apprécié le rythme contenu dans le récit qui comporte des descriptions réalistes. Celles-ci accentuent l’impression de voir un film défilé devant ses yeux ou de déambuler dans un univers tel que The Last Of Us. C'est très visuel et cela rend donc la lecture encore plus addictive. Encore une fois, j’ai beaucoup aimé la plume et l’univers d’Arnaud Codeville. J’ai hâte de lire ses futurs romans !

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