Résumé :
Cédric est l'enfant non désiré de Nadège Solignac, tueuse en série.
Au fil du temps, il découvre son passé familial et tente de grandir sous l'ombre meurtrière de sa mère.
Mais un tel monstre peut-il aimer ? Peut-on seulement lui survivre ?
Extrait :
"La peur se diffusera dans ses veines. Elle se transformera en fluide mortifère qui fera accélérer les battements de son cœur dont le martèlement se propagera dans tout son corps jusque sous son crâne qui paraîtra se dilater, vouloir exploser. Mais son rythme cardiaque affolé se synchronisera avec les palpitations de « l'autre », celle qui lui impose cet espace sombre où la lumière est réduite à un jeu d'ombres. Le cœur de « l'autre » semblera au bord de l'explosion tant l'effort sera intense. Puis très rapidement, son corps sera compressé, écrasé, privé de tout mouvement. Et enfin, les ténèbres s'effaceront pour faire place à un rideau de sang qui occultera ses yeux et projettera un voile rouge sur la réalité."
Mon avis :
Dans la famille Solignac, on demande la fille... Cette insaisissable, un temps accusée de meurtre, qui se cache de sa seule famille restante, Julien, son frère. Pourquoi ? Après un douloureux deuil, il souhaite renouer avec sa soeur, mais elle est partie sans laisser d'adresse. Il la cherche, s'interroge, se refait le film de leur vie. Qui est vraiment sa soeur ? Est-elle le monstre que la police dépeint ? Lorsqu'ils se retrouvent, elle est mère d'un petit garçon, Cédric. La famille se réunie alors, pour le meilleur... ou pour le pire ?
Dans ce roman, j'ai fait la connaissance de Julien Solignac, qui a repris l'entreprise de son père et qui lui assure un statut important dans sa région. Loin d'être dans le besoin, il est tout de même marqué par la mort de sa fille, puis de sa femme quelques années plus tôt. Ces décès surviennent après ceux de ses parents. Nadège, sa chère soeur, lui manque désormais. Institutrice, la jeune femme a été pourchassée par la police et accusée de meurtres. Après un non-lieu, elle s'est reconstruite loin de tout le tumulte. Dans son coin, elle a accueilli un enfant qu'elle élève à son image. Cédric est protégé des autres et se conforme aux exigences de sa mère. L'arrivée de Julien dans leur vie va pourtant remettre en question ses convictions. Étonnants, les trois protagonistes sont - à leur manière - touchants avec leurs blessures et leurs fragilités.
Sombre, l'intrigue évoque donc une unité familiale brisée, déchirée dont les deux membres restants se sont éloignés. Si Nadège se suffit à elle-même avec son fils, Julien ressent le besoin de renouer avec sa soeur et de se confronter à elle. Malgré les accusations dont elle a été victime, Julien n'a jamais douté d'elle, jusqu'à aujourd'hui. Ses recherches pour la retrouver le replonge dans leur histoire et le doute s'insinue. Louve solitaire, Nadège a laissé dans son sillage une longue trainée de sang... Véritable caméléon, elle se camoufle, donne le change et s'adapte. Dans une ambiance glauque, j'ai pu suivre le frère et la soeur dans un premier temps, puis la réunification des Solignac dans un second temps. Au fur-et-à-mesure des pages, j'ai pu voir l'évolution des trois personnages, apprendre à plus les connaitre et saisir leurs motivations. Après des éléments toujours plus sordides, j'ai assisté à un dénouement presque inévitable.
J'ai beaucoup aimé la noirceur de cette histoire qui plonge le lecteur dans les méandres de trois personnages torturés : Julien, le dernier mâle Solignac ; Nadège, l'impitoyable femme au sang froid et Cédric, son fils, son disciple, sa relève. La construction du roman est agréable, avec plusieurs parties qui permettent de poser le décor avant de sombrer aux côtés des protagonistes. Les chapitres sont courts, dynamiques et ils se placent aux côtés de Julien, Nadège et Cédric, tour à tour. Cela permet d'appréhender leurs émotions, leurs pensées... parfois avec un certain dégoût. Leur histoire familiale - ce lourd passé - joue un rôle essentiel dans leur devenir ; cela n'excuse pas les agissements mais j'ai pu essayer de les comprendre. Incidieuse, l'intrigue distille des détails, des informations rendant l'ensemble toujours plus écœurant et triste. Lourde, l'atmosphère est chargée en tension, comme une cocotte prête à imploser. Des révélations ajoutent au drame davantage de malaise, de répugnance. C'est horriblement prenant et dérangeant. Encore une fois, la plume d'Estelle Tharreau m'a entrainée dans les bas-fonds de l'âme humaine, et j'ai adoré !
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De cette auteure, j'ai aussi lu : Contre l'espèce ; Digital Way Of Life ; De la terre dans la bouche ; La peine du bourreau ; Mon ombre assassine ; Le dernier festin des vaincus ; Les eaux noires ; Il était une fois la guerre.
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Service Presse