"Alan" de Jean-Marc Dhainaut

Résumé
Hiver 1948, Côtes-d'Armor. Dans un hameau isolé, quatre enfants s'évanouissent dans la nuit sans laisser de trace. Aucun témoin, aucun indice. Très vite, la panique cède la place à la suspicion, et les regards se tournent vers une maison. Sa propriétaire traîne une sombre réputation, certains murmurent même qu'elle pratique la sorcellerie.
Mais la terreur atteint son paroxysme quand Alan, 6 ans, le petit-fils de Madenn Carvec, disparaît à son tour. Prête à tout pour le retrouver, elle devra s'aventurer au coeur des ténèbres et pousser les portes de l'enfer.

Extrait
"N’avez-vous jamais fait ce genre de cauchemar perturbant ? Celui qui nous extirpe brutalement de notre sommeil ou qui nous revient, soudain, en pleine journée, résonnant au fond de nous tel un mauvais présage ? Non ? Vraiment ? Alors, c’est une chance que n’a pas eue le petit Alan Lambin, du haut de ses 6 ans...
[...]
Il se mit à courir, revenant sans cesse devant la barrière d’un champ, les chaussures pleines de boue. Il se retourna brusquement. Des gens approchaient. Le cortège d’un enterrement avançait lentement. Une
charrette qui grinçait, tirée par un cheval maigre, le précédait. L’homme qui tenait d’une main l’animal par sa bride et une lanterne de l’autre s’approcha. Sans adresser le moindre regard à Alan, il souleva la barrière du champ pour laisser passer le cortège funèbre.
Bizarre, pensa Alan. Il s’écarta sur le chemin isolé et observa deux femmes qui suivaient la charrette, vêtues de deuil et le visage recouvert d’un voile noir.
Il aurait pu demander à ces gens comment rentrer au village, mais la question qu’il posa fut seulement « pardon, mesdames, mais qui est mort, c’est pas un peu tard pour enterrer quelqu’un ? ».
L’une des deux Bretonnes braqua vers lui son regard en lui saisissant le bras. Elle souleva son voile et il reconnut Madenn, sa grand-mère. De ses yeux noirs comme les ténèbres et se penchant à sa hauteur, elle lui dit : « C’est toi, mon petit ! C’est toi qui es mort ! »"

Mon avis
Bretagne, 1948. Le jeune Alan grandit dans un petit village entouré de ses parents et sa grand-mère. Peu après l'arrivée d'une veuve et ses enfants, l'un d'eux disparait, suivi d'autres enfants. Pour Madenn, il ne s'agit pas d'enlèvements... du moins, pas comme on l'entend. Ayant une sensibilité particulière et une éducation fondée dans les croyances surnaturelles, la grand-mère va tout faire pour retrouver et libérer les enfants disparus... dont Alan fait partie !

Dans ce roman, j'ai fait la connaissance d'André Lambin alors qu'il quitte son Nord natal durant la guerre. Arrivé en Bretagne, l'instituteur rencontre la belle Jeanne Carvec qu'il épousera peu après. Si André est très cartésien, il n'en est pas de même pour Madenn, sa belle-mère, qui tient à inculquer les légendes bretonnes à son petit Alan, quitte à créer des disputes. Dans le village, j'ai aussi croisé Katell, l'amie de Madenn, et Camélia, la nouvelle femme arrivée dans le village avec ses quatre enfants. Des personnes jugées marginales seront dans la tourmente lorsque les enfants disparaitront : Ghislain, un rescapé de la première guerre mondiale et Norig, une gitane, réputée sorcière. Les personnages sont plutôt attachants même s'ils semblent parfois avoir des parts d'ombre.

Mystérieuse, l'intrigue évoque donc des disparitions d'enfants dans le petit hameau, un drame pour les familles. Qui peut s'en prendre à eux ? Les policiers, peu réactifs, ne trouvent rien. Désespérée, Camélia accuse la vieille Norrig qui donnait des bonbons aux enfants, ou encore Ghislain, la gueule cassée, qui correspond à la description qu'a fait Alan d'un homme qui rôdait la nuit. Rapidement, Madenn ressent une puissance surnaturelle et mène les investigations de son côté avec ses connaissances. Dans une ambiance lourde et oppressante, j'ai pu suivre avec intérêt cette affaire inquiétante. Avec un sentiment d'urgence, j'ai été curieuse de savoir ce qu'il se passait. Après des moments d'angoisse, les révélations arrivent progressivement et répondent, d'une manière ou d'une autre, à toutes les questions. L'épilogue est très émouvant et satisfaisant.

Je ne peux qu'avoir adoré ce roman : Alan Lambin, les origines ! Entrainante, cette histoire m'a permis de connaitre la famille d'Alan, de le découvrir petit et de savoir ce qui a mené à ses choix de carrière. Il y a quelques clins d'œil à des moments, des enquêtes, des personnages mais c'est aussi une aventure à part entière. Marqué et soutenu par Madenn, Alan vit ici sa première expérience paranormale. Et connaitre cela me permet de mieux saisir l'homme qu'il devenu. Dans une atmosphère pesante, je suis passée par toutes les émotions entre l'affaire et des moments plus poignants. Avec rythme, le suspense est bien présent ; j'ai été tenue en haleine du début à la fin. J'ai particulièrement aimé la dernière partie du livre qui clôture vraiment bien le tout. Encore une fois, la plume de Jean-Marc Dhainaut m'a complètement transportée. Les lieux sont bien décrits, je me suis bien représenté le hameau breton : ça donne même envie d'y aller.

***
De cet auteur, j'ai aussi lu : Mémoire de feu  ; L'œil du Chaos ; Dans la série Meghan Grayford : Brocélia ; Psylence ; Dans la série Alan Lambin : La maison bleu horizon ; Les prières de sang ; Les galeries hurlantes ; Les couloirs démoniaques et les nouvelles : Alan Lambin et le fantôme au crayon ; Alan Lambin et l'esprit qui pleurait.

Intéressé.e par ce livre ? Vous pouvez le trouver ici → https://amzn.to/4or6uaG

Service Presse
Taurnada